Il y a les joueurs pour qui le football constitue l’unique activité de la journée, et ceux pour qui il ne s’agit que d’une passion. Aujourd’hui, à Yverdon Sport, plus d’un tiers de l’équipe exerce un travail ou des études à côté du football, à divers pourcentages. À travers cette rubrique « Ils mènent une double vie », composée de trois portraits différents qui seront publiés cette semaine, nous avons décidé de vous présenter le quotidien de ces joueurs que nous avons rencontrés sur leur lieu de travail.
Formé comme employé de commerce
Sa formation, Florian Gudit l’a entreprise au sein du Gymnase de Beaulieu (Lausanne) à travers la filiale de culture générale. Trois années qui lui ont permis d’obtenir un CFC d’employé de commerce, ainsi qu’une maturité commerciale. « Sans me sentir réellement prêt à exercer ce métier », avoue-t-il lui-même, en faisant référence au manque de cours pratiques dispensés par ce cursus. Il a ensuite passé une année au Service de protection de la jeunesse (SPJ).
Désireux de tenter sa chance au plus haut niveau et de vivre de sa passion, le natif d’Arrissoules est ensuite parti au Tessin où il a posé ses valises à Bellinzone. C’était durant l’été 2013. Il y a vécu en tant que professionnel durant trois mois – la seule période de sa carrière durant laquelle il ne pratiquait que le football – avant de revenir dans le canton de Vaud, au FC Le Mont, alors en Promotion League. « Là-bas, le football n’était plus ma seule source de revenu et j’ai enchaîné avec divers emplois temporaires. » S’en est suivi une année de service civil avant de rejoindre la Vaudoise Assurances. Depuis deux ans, il est désormais conseiller en placement de personnel à plein temps à Accord Emploi SA, entreprise au sein de laquelle le milieu de terrain d’YS s’épanouit pleinement.
Une nouvelle vie à Accord Emploi
C’est dans les bureaux de l’enseigne basée à la rue du Lac que nous avons retrouvé Florian Gudit, afin de discuter de cette double activité – footballeur et employé – dont il est tenu d’exercer. Bon vivant, celui qui a commencé le football à l’âge de 7 ans semble particulièrement se plaire dans cette entreprise de placement, qui lui offre un quotidien aussi stimulant que diversifié. « C’est également une chance de pouvoir vivre à Yverdon, d’y travailler ainsi que d’évoluer pour le club de football de la ville. Me rendre à l’entraînement à vélo, c’est la classe! »
Concilier football et travail n’est bien-sûr pas évident à ce niveau. Les joueurs d’Yverdon Sport s’entraînent quasiment tous les jours, et la fatigue peut parfois se faire ressentir pour les éléments dont le football n’est pas la seule préoccupation. « Je ne parlerais pas de sacrifices, car je suis loin d’être à plaindre. Je ne suis pas surchargé non plus. Maintenant, c’est une manière de s’organiser aussi, un équilibre à trouver. Et force est de constater que je ne peux pas faire tout ce que les professionnels font à côté, à savoir mettre l’accent sur le fitness, la récupération etc. » Loin de s’en plaindre, Florian Gudit préfère plutôt se réjouir de cette situation, saisissant ainsi une opportunité de préparer son avenir loin des terrains. Surtout, le joueur de 26 ans peut s’appuyer sur un employeur à la fois empathique et flexible. Ce dernier n’hésite pas à faire en sorte que son employé soit d’attaque pour ses diverses échéances avec YS, notamment pour les entraînements qui débutent à 17h30.
« Avant, je me disais que c’était un avantage »
A l’entraînement, d’ailleurs, pas question pourtant de disposer de passe-droits. Florian Gudit est traité à la même enseigne que les autres, que ces derniers travaillent, ou pas. « Nous sommes tous jugés de la même manière, indépendamment de notre emploi du temps. Maintenant, les entraîneurs sont conscients que cela n’est pas toujours facile pour nous. » Une différence qu’il a particulièrement ressentie cette année à Yverdon Sport, où le professionnalisme n’a jamais été autant de mise depuis qu’il a rejoint son club de cœur (ndlr: une première fois en janvier 2013, avant de revenir en juillet 2015). Là, il avoue voir se créer un certain fossé. « Jusqu’à cette saison je ne remarquais pas totalement la différence avec les joueurs professionnels. Je me disais que c’était un avantage de pouvoir disposer d’une autre activité à côté, de pouvoir voir autre chose. Désormais, on commence à avoir un petit décalage. Non pas que j’accumule du retard, mais je vois que, physiquement, le corps en prend parfois un coup. Lors du premier tour, par exemple, je n’avais pas la possibilité de venir m’entraîner avec l’équipe le matin. »
Le travail avant le football
Reste que le milieu de terrain d’YS sait qu’une carrière professionnelle serait très difficile à aller chercher. Ce d’autant plus sur le long terme. « Ce serait plaisant de pouvoir me consacrer uniquement à cela. Maintenant, je suis lucide, et je sais que les places sont chères. A 18 ans, quand je rêvais de jouer au plus haut niveau, j’aurais mis toutes les cartes de mon côté pour me laisser cette chance. Aujourd’hui, ce temps est derrière moi. » Corollaire, il ne sait pas encore s’il pourra continuer l’aventure au sein des Verts la saison prochaine, d’autant plus si sa formation accède à la Challenge League. « Si l’équipe monte, il y aura un choix à faire, c’est certain. La spécificité de mon métier ne me permet pas de travailler à temps partiel. Et à mon âge, je risque de mettre la priorité sur le travail. » Une chose est cependant sûre : son coeur est vert et blanc, et le restera, puisqu’il envisage de s’investir par la suite dans le club qui lui a tant donné.
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