Au Stade municipal, le visage de Nicolas Rouilly est connu. Aujourd’hui, il porte – entre autres – la casquette de masseur pour la première équipe féminine. Hier, il portait celle du supporter. Demain, lui-même ne le sait pas encore. Ce qui est quasiment certain, c’est que son histoire continuera de s’écrire à Yverdon Sport. Rencontre.

C’est l’histoire d’un jeune homme de sept ans qui se rendait au Stade municipal avec son grand-papa, son papa et son frère. Sa place l’attend, presque attitrée. Dans la tribune principale, en-dessous de la position des journalistes, là où la vue sur le terrain est la plus large, là où l’information est la plus récente. «Au tout début, tu regardes les vingt premières minutes du match, et tu te demandes un peu ce que tu fais là. Alors tu pioches dans le paquet des chips. Et au fil du temps, tu demandes à revenir au Stade.» Le goût de de reviens-y se transforme alors en véritable passion. Celle qui l’a emmené à se démener pour son club des années plus tard, lui qui est devenu un des rouages de la structure, notamment du côté des féminines.

Aujourd’hui, et depuis dix ans, Nicolas Rouilly porte la casquette de masseur pour la première équipe féminine. Mais son rôle ne s’arrête pas là, lui qui s’évertue à trouver des solutions pour le bien-être des joueuses, épaulant ainsi Linda Vialatte. «J’adore aider les gens, tout simplement. Cela fait vingt ans que je ne peux plus jouer au football à cause de problèmes de santé. C’est d’ailleurs quelque chose qui a été très compliqué à accepter. Entraîner ? Je n’ai pas l’âme d’un entraîneur. Alors je donne un coup de main en coulisses. Si je peux aider une joueuse à trouver un appartement ou un travail, je le fais avec grand plaisir, explique Nicolas Rouilly. Quand je vois l’investissement des filles, qui s’entraînent quasiment tous les jours, je me dis qu’on ne peut pas ne rien faire pour elles. Il y a des joueuses, comme Mirjana Pajovic, qui sont exemplaires dans leur comportement. Lorsque je suis arrivé dans l’équipe, il y a dix ans, elle était déjà là !»

Il a lancé le premier groupe de supporters

L’histoire d’Yverdon Sport, Nicolas Rouilly la connaît sur le bout des doigts. Il a vécu le retour en LNA de l’équipe masculine – durant l’été 1999 – au plus près de l’action, tout comme l’unique finale de la Coupe de Suisse disputée par YS jusqu’à ce jour (2001). Car celui qui habite désormais Champagne – ses parents y tiennent une boulangerie – est un supporter du club avant tout. «Lorsque nous sommes remontés en LNA, en 1999, j’avais envie de créer quelque chose, de mettre un peu d’ambiance autour des terrains. Lors d’un déplacement à Neuchâtel, nous sommes parvenus à remplir quatre cars de supporters. J’avais regardé avec les PTT pour obtenir des prix. Il y avait une vente de boissons et de viande séchée dans les bus afin de récolter des fonds pour financer le déplacement suivant. La mayonnaise a pris et un petit comité s’est ensuite formé.»  

Le comité réfléchit alors à un nom à donner à ce nouveau groupe de supporters sur le point de voir le jour. C’est de là que naissent les Vert-Play. «Le Silver Pub nous sponsorisait. Après les matchs, on y allait pour partager et décompresser. Ce sont des souvenirs incroyables.»

Nicolas Rouilly ici lors d’un massage avant l’entraînement.

Une collection de maillots

Entre temps, Nicolas Rouilly continue de suivre de près ou de loin les performances d’Yverdon Sport. Les rencontres sont nombreuses, les liens liés avec des joueurs, mais aussi avec les personnes œuvrant dans le football, se multiplient. Aux relations marquantes, l’Yverdonnois associe toujours un maillot, lui qui dispose aujourd’hui d’une collection de 390 tuniques. «Ce sont pour la plupart des joueurs avec qui j’ai sympathisé, où que j’ai aidés de manière un peu plus personnalisée. Ces maillots, ce sont un peu ma petite récompense à moi.»

A force de graviter autour du club, l’ancien junior d’YS se voit ensuite proposer des responsabilités à l’interne. «Linda Vialatte m’avait une fois appelé pour venir arbitrer une rencontre amicale. Alors que je n’avais aucune notion de l’arbitrage. Quelque temps après, Christian Leuenberger, qui était alors entraîneur-assistant, cherchait un masseur. C’est là que ma collaboration avec les féminines a véritablement débuté.» En plus de certaines piges avec la première équipe masculine par la suite. En 2015, il a participé aux finales de Promotion en 1L aux côtés de Philippe Demarque. Plus récemment, cet hiver, il est parti en Turquie avec les joueurs d’Uli Forte afin de participer aux soins après les multiples séances d’entraînement.

L’Yverdonnois a également eu la chance d’accompagner les hommes en Turquie, cet hiver.

Le vestiaire, une atmosphère spéciale

Mais c’est donc aux côtés des protégées de Linda Vialatte que Nicolas Rouilly passe le plus clair de son temps. Il propose, écoute, agit et prodigue. «Etre dans un vestiaire, c’est vraiment quelque chose que j’ai besoin. Je peux sentir cette adrénaline de match. Masseur, ce n’est pas seulement fournir des soins aux joueuses. En plus de l’aspect physique sur lequel nous travaillons, il y a un aspect mental. Avant les matchs, mais aussi après, les joueuses ont besoin de parler. »

Le masseur d’YS Féminin se souvient particulièrement d’un évènement, la saison dernière : «Nous nous sommes rendus à Rapperswil, un concurrent direct pour la montée en LNA. Il nous manquait passablement de joueuses. Et puis il y en avait une qui aurait pu ne jamais disputer cette rencontre pour des raisons privées, mais elle a tenu à le faire. La préparation de match ne s’est pas bien déroulée pour elle. Nous avons longuement échangé quelques minutes avant le coup d’envoi. Elle s’est littéralement vidée. Le match a débuté, et elle a finalement inscrit un doublé. Nous avons remporté le match et, quelques jours plus tard, étions promus en LNA.»

L’histoire de Nicolas Rouilly avec Yverdon Sport est immense. Elle a débuté en 1987, dans la tribune principale du Stade municipal, en-dessous de la place des journalistes. Elle continue à s’écrire aujourd’hui, et elle continuera à s’écrire demain.

#AllezYS

© Photos : Flashpress/ Allenspach