Ancien attaquant et légende d’YS, Gil est de passage dans le Nord vaudois. Il est revenu avec nous sur sa carrière à Yverdon Sport et sur l’aventure en Coupe de Suisse lors de la saison 2000-2001. Dernier volet de notre série sur les « Yverdonnois de 2001 ».

Josemar Dos Santos Silva, dit « Gil » et Yverdon Sport ont une histoire commune particulière. Le Brésilien découvre l’Europe pour la première fois à 19 ans, en 1999. Il débarque à Yverdon, une ville aux antipodes des paysages tropicaux de l’Etat de Rio, où il poursuivait sa formation de footballeur. Lors d’une compétition juniore disputée en Italie, ses qualités techniques tapent à l’œil du président de l’époque, Paul-André Cornu. Quelques semaines plus tard, le jeune Brésilien s’engage à Yverdon Sport. Il s’y installe durant trois ans et demi et apprend à peu près tout : le football, mais aussi l’éducation.

«J’arrive en Suisse et à partir de là ma vie a changé. Je commence par habiter tout seul, à la Rue de l’Hôpital à Yverdon. J’ai 19 ans, je dois apprendre à vivre. Au début, je ne parlais pas la langue, alors je passais énormément de temps au stade. Je venais à l’entraînement bien en avance, j’allais botter des coup-francs et je m’entraînais seul. Je ne pensais à rien d’autre qu’au football : j’avais que ça dans ma vie. Et puis de toute façon je ne connaissais personne. J’étais concentré uniquement sur mon travail. C’était aussi un moyen de ne pas trop penser à ma famille et à mes proches restés au Brésil.» A Yverdon Sport (promu en LNA), Gil a la lourde tâche de faire oublier les départs de Jean-Michel Tchouga et de Leandro, partis respectivement à Bâle et à Ulm (Allemagne). Les attentes à son égard sont nombreuses.  

Bâle – YS, en 2022. Gil est poursuivi par un certain Sébastien Barberis

Dans les meilleures conditions

Ses débuts au Stade municipal sont réussis. Gil se sent bien sur le terrain et a la confiance des dirigeants et du coach, en particulier du président Paul-André Cornu. L’homme fort d’YS le prend alors sous son aile, en lui distillant de précieux conseils, en l’éduquant, en l’apprenant à vivre, tout simplement. «Le club m’a vraiment mis dans les meilleures conditions. Lorsque tu arrives à un endroit, tout le monde te dit bonjour, t’accueille chaleureusement. Au Brésil, je ne connaissais pas ces petites attentions. Monsieur Paul-André Cornu m’a aidé à apprendre le français en me mettant des cours de langue à disposition. Je passais aussi énormément de temps avec les enfants, Paul-Henri et Marc-André Cornu. Je me sentais comme à la maison : léger et libéré. »

Un contexte qui lui permet de réussir d’excellents débuts avec sa nouvelle équipe. À YS, Gil fait l’unanimité et marque de nombreux buts. «Dans ma tête, seul le travail m’importait. Je me disais que, si je me donnais les moyens d’être performant, alors j’allais réussir.» Au total, l’attaquant d’origine brésilienne évolue durant trois saisons et demi au Stade municipal, avant de revenir pour six mois à l’hiver 2011. Il y dispute 71 matchs officiels et inscrit 29 buts.

Pour la 1/2 finale, le Brésilien sera assis en tribune, prêt à soutenir YS !

Un passage qui marque

Aujourd’hui, Gil est de retour dans le Nord vaudois pour trois mois, où il accompagne des joueurs dont il s’occupe au Brésil. Il nous avoue avoir embarqué avec lui beaucoup de souvenirs, qu’il n’a pu s’empêcher de matérialiser. «Dans mon pays, je loue par exemple des appartements. Et la résidence s’appelle Yverdon Sport ! Alors parfois les locataires me demandent pourquoi ce nom est apposé aux appartements. Je leur indique qu’il s’agit du club de football qui m’a tant donné, qui m’a permis de réaliser mes débuts dans le monde professionnel en Europe.»

Il était donc de l’aventure en 2001, lorsqu’YS a atteint la finale de la Coupe de Suisse. En huitièmes de finale, c’est lui qui a inscrit l’unique but de la rencontre contre le FC Zürich (victoire 1-0). «Cavalho est parti en profondeur. J’ai fait ma course dans les seize mètres, il m’a parfaitement remis le ballon et j’ai tiré très fort du gauche. Il faisait froid ce jour-là mais il y avait passablement de monde dans le stade. Ce public, je l’ai aimé. Vous savez, ça n’a jamais été le plus grand de Suisse. Mais il est composé de personnes qui aiment le club, je peux vous le dire.»

La carrière de Gil l’a ensuite mené en Belgique, en Ukraine ou encore à Dubaï. Mais c’est bel et bien en Suisse, à Yverdon, qu’il a rencontré des personnes qui lui sont aujourd’hui encore très chères. «J’ai des amis fidèles ici. J’ai même un père. Paul-André Cornu était mon président, mais avec le temps, je peux dire qu’il est devenu comme un père pour moi.» Le Brésilien sera dans les tribunes du Stade municipal le 21 avril à l’occasion de la demi-finale de Coupe et la réception du FC St-Gall. Et il se réjouit de retrouver « son » public.

#AllezYS

© Photo : Flashpress/ Allenspach