Juniors : vers un objectif commun (2/2)

Juniors : vers un objectif commun (2/2)

Notre immersion au sein du mouvement juniors d’Yverdon Sport & Région se poursuit. Ce deuxième volet se consacre à l’identité et à la direction prise par la relève d’YS.

Son crédo a toujours été le même. Philippe Demarque est un formateur, de ceux qui ont pour objectif premier la progression et l’émulation de ses joueurs. Sa philosophie est fondée sur la continuité. A Yverdon Sport, d’ailleurs, le responsable juniors évolue dans un environnement qui lui correspond. Peut-être aussi parce que c’est lui qui en a dessiné les contours, à force de travail et d’abnégation. Son message semble avoir bien passé au fil des saisons, et le mouvement juniors d’Yverdon Sport & Région récolte aujourd’hui les fruits de cette vision à long terme. 

Ainsi, la relève d’YS compte aujourd’hui sept équipes, dont trois à l’échelle nationale (FE12, FE13 et FE14). Chaque catégorie d’âge est représentée, l’une est même doublée (M13). L’objectif est de faire progresser les jeunes vers un objectif commun de manière à accompagner un maximum d’entre eux à la première équipe d’Yverdon Sport. Ce fut notamment le cas de Nehemie Lusuena ou de Raphaël Glauser. A une autre échelle, Jordan Lotomba (OGC Nice) ou encore Théo Rochat (Lausanne-Sport) sont également passés par la Cité thermale. 

Les FE13 d’YS, ici lors d’une opposition interne.

Se professionaliser

Chacune de ces équipes suit donc un programme d’entraînement mensuel plus ou moins identique. Une semaine, l’accent est mis sur l’attaque. Une autre, sur la défense. «On essaie de se professionaliser. On a des caméras mais aussi des GPS que l’on fixe pour analyser la performance individuelle de chacun, comme c’est le cas pour les FE14. Cela leur permet d’avoir un retour concret à travers des statistiques et des images à l’appui.»

Pour Philippe Demarque, la formation de la relève rime automatiquement avec la mise à disposition d’entraîneurs qualifiés. «L’objectif est d’avoir les meilleurs entraîneurs chez les plus petits déjà. Et actuellement, nous avons certainement ce qui se fait le mieux dans la région.»

Philippe Demarque est satisfait de la direction prise par la relève d’YS

Un parcours qui n’est pas figé 

S’il existe une continuité dans l’évolution des joueurs et que ceux-ci sont susceptibles, à la fin de la saison, de monter à l’échelon supérieur, cela ne signifie pas pour autant que la porte est fermée à d’autres talents. «Chaque année, nous voyons des éléments qui sortent du lot. Mais peut-être que, l’année d’après, celui qui semblait au-dessus ne sera plus qu’un joueur de niveau moyen, tandis qu’un autre aura pris sa place. La progression n’est pas toujours linéaire», raconte Jason Brunet, un des entraîneurs des FE12. 

Ce qui signifie que la porte est également ouverte pour des jeunes provenant d’autres mouvements juniors. «Nous observons des différences de niveau mais aussi de motivation au sein d’un effectif. De notre côté, nous essayons de composer avec cela pour les diriger au mieux par la suite», détaille Raphaël Guignard (FE12). Et son associé, Albino Bencivenga, d’ajouter : «Il y a toujours des yeux un peu partout. Dans l’autre sens, on réintègre aussi facilement un joueur d’un club partenaire.»

Malgré l’arrêt du championnat, les joueurs ne se font pas de cadeaux sur le terrain (ici les M13).

Logés à la même enseigne

Avec l’arrivée soudaine du nouveau Stade municipal, la relève a en tout cas de quoi être stimulée par l’environnement dans lequel elle évolue. «J’espère que les enfants ont des étoiles dans les yeux et que cela leur donnera envie de jouer tout en haut, avoue Philippe Demarque. Actuellement, on tourne à 350 juniors et le but serait d’arriver à 600 d’ici à deux ans. Le tout en conservant la qualité au sein de nos équipes.» Aussi, le responsable juniors aimerait bien créer des M9 M10 et M11, afin de dynamiser encore davantage la pyramide à sa base. 

Au Municipal, les diverses formations se côtoient, elles qui s’entraînent quasiment toutes les unes à côté des autres. Un cadre stimulant, presque enivrant, selon Raphaël Guignard. «Ils sont baignés par cette atmosphère footballistique. Les entraîneurs parlent le même football. Les mercredis, on travaille en ateliers où les coachs sont mélangés. Il y a une alchimie.» Jason Brunet abonde d’ailleurs dans ce sens : «Il y a deux ans, je devais aller les chercher pour la question des ramasseurs de balle. Désormais, nous devons refuser du monde !»

Le mot de la fin appartient à Albino Bencivenga, ancien buteur d’Yverdon Sport. «Il y a quelque chose qui est revenu à Yverdon, c’est clair. »

© Photo : Flashpress/ Allenspach

#AllezYS

Nos juniors à l’heure de la pandémie (1/2)

Nos juniors à l’heure de la pandémie (1/2)

Les juniors d’Yverdon Sport & Région poursuivent leur apprentissage malgré la pandémie. Le week-end passé, nous sommes allés à leur rencontre pour en savoir un peu plus sur leur développement, malgré l’arrêt des compétitions.

Impossible d’imaginer qu’une pandémie venait d’ébranler le quotidien sportif de la relève d’Yverdon Sport. Ce n’est du moins pas le sentiment qui émanait des terrains annexes du Stade municipal, samedi dernier, où cinq formations juniores (des FE12 aux M15) se livraient à des confrontations internes tout au long de la matinée. A l’arrêt depuis les restrictions cantonales du 24 octobre dernier, le sport collectif amateur n’est plus autorisé pour les athlètes de 16 ans et plus, au contraire de leurs cadets, qui peuvent encore profiter des entraînements qui leurs sont dispensés. A Yverdon Sport, donc, difficile de passer au travers de cette réalité : les juniors entendent bien profiter de l’arrêt du championnat pour parfaire leurs gammes avant une éventuelle reprise. 

Responsable de la formation à YS, Philippe Demarque ne cache d’ailleurs pas sa satisfaction de voir ces jeunes poursuivre leur marche en avant. « Regardez comment ils s’amusent sur ce terrain et se battent pour chaque ballon. Vous savez, à leur âge ce n’est pas une situation facile à vivre. Nous sommes donc heureux de pouvoir leur offrir cet échappatoire. Si nous jouons les moralisateurs ? Disons que nous appliquons toutes les mesures sanitaires à appliquer. En revanche, j’ai le sentiment que les enfants en entendent déjà assez parler dans leur cercle privé. Le football, c’est un peu le côté récréatif en ce moment. »

L’entraînement n’était pas moins engagé chez les FE13.

Un programme presque inchangé

Pas question toutefois d’abandonner la ligne de conduite édictée en début de saison par les entraîneurs. La seule modification réside dans le remplacement des rencontres de championnat par des oppositions internes le samedi matin. Les entraînements, eux, demeurent inchangés, comme en témoigne Modou Boye, coach des FE14. « On se tient à notre programme mensuel. D’ailleurs, l’implication de chacun dans les exercices est encore plus forte. Avec l’arrêt de la compétition, il existe un risque que les garçons se relâchent. De notre côté, on essaie alors de relever la barre pour maintenir un niveau de compétitivité élevé. »

Le son de cloche est à peu près similaire du côté de Raphaël Guignard, entraîneur des FE12. « On reste dans une normalité. Le but premier est que les enfants progressent tout au long de la semaine. Le week-end, par contre, c’est un peu plus libre. On les laisse jouer et s’exprimer sur le terrain. » Et Albino Bencivenga, également à la tête des FE12, d’ajouter : « Il n’y a plus vraiment cette compétitivité, mais on essaie de l’instaurer. » Voilà tout le challenge des coachs de la relève d’YS. 

Le staff des FE12 avec, de gauche à droite, Raphaël Guignard, Daniel Michoud, Jason Brunet et Albino Bencivenga.

Maintenir la compétitivité 

Implication, joie, engagement, tacles : le message semble pourtant avoir bien passé au sein des diverses formations. La source de cette détermination ? « On fait en sorte qu’ils soient encore dans la compétition, en valorisant leur travail. Le samedi, lorsqu’une équipe remporte un match (ndlr : interne) chaque joueur est récompensé par trois points. Dans ces situations, ils sont en autonomie totale. Et on le voit, les jeunes sont combatifs et ont envie de remporter des points », détaillent Modou Boye et Stéphane Cruz, des FE14. Aux grands maux les grands remèdes. 

Reste que les rencontres du samedi matin, dispensées au Stade municipal depuis fin octobre, ne diffèrent peu de ce que les juniors d’YS ont l’habitude de voir le reste de la saison. La finalité demeure inchangée. En cause, les catégories de jeunes jusqu’aux FE14 ne se voient en effet pas attribuer de classement au terme de leur championnat respectif, les rencontres ne rapportant aucun point. « Nous sommes dans la formation pure, soulignait Jason Brunet, des FE12. Ce qui nous importe, c’est les victoires individuelles sur leur propre performance, qu’il s’agisse d’un duel ou d’un face-à-face. »

Reprise avancée ?

A l’échelon supérieur, en FE14, le ressenti est le même pour Modou Boye. « Nous partons du principe que le résultat ne compte pas. Nous faisons tout pour que le joueur progresse individuellement au sein d’un collectif. Après, cela ne veut pas dire que nous prenons nos rencontres de championnats pour des amicaux. Quand on affronte Servette, YB ou encore le LS, ça n’a rien d’amical. »

Les débats sont musclés pour les M15 d’YS, comme pour les autres formations.

La donne est légèrement différente pour les M15 de Michaël Licciardi, pour qui le classement au championnat est déterminé. « Mes jeunes étaient frustrés que cela s’arrête, l’équipe jouait bien. Ils prenaient beaucoup de plaisir et remportaient leurs matchs. La saison dernière, j’ai certains joueurs qui, si le championnat était arrivé à son terme, auraient peut-être intégré le M16 du Lausanne-Sport. Cette fois, on espère pouvoir aller au bout. »

A noter que, si une partie des rencontres du premier tour a été repoussé, il n’est pas impossible de voir la deuxième partie de saison reprendre plus rapidement que prévu. Début janvier, même, selon Philippe Demarque.

Ils s’estiment chanceux

Au mois de mars dernier, les footballeurs avaient vu leur championnat être subitement annulé et les entraînements à leur tour stoppés. Aujourd’hui, la donne est différente puisque les footballeurs de moins de 16 ans peuvent continuer à s’entraîner. « Je pense qu’ils sont conscients d’avoir une chance de pouvoir s’entraîner. Ils ont tellement eu peur, le mois dernier, en voyant ces mauvaises nouvelles s’accumuler. Les jeunes n’auraient pas compris le fait de devoir aller à l’école sans pour autant pratiquer leur passion. Leur seule question, c’était : Il y a entraînement, demain ? Lorsque je leur disais que c’était peut-être le dernier, on sentait une anxiété », raconte Jason Brunet.

Stéphane Cruz (au premier plan) et Modou Boye prodiguent leurs conseils aux FE14.

L’arrêt de la compétition, s’il est le même pour toutes les formations, sonne comme un véritable frein dans la progression de la relève. « Oui, mais dès l’instant où ils jouent en opposition, et qu’un adversaire existe, il y a de l’intensité. Ils ne font pas de distinction selon l’adversaire. On leur apprend à être combatif systématiquement, tout en ayant du plaisir », conclut Modou Boye. Autant d’ingrédients qui se sont ressentis lors de notre passage sur les terrains annexes du Stade municipal.

#AllezYS

© Photo : Flashpress/ Allenspach