Branislav Stojanovic fait résonner le Stade municipal depuis plus de cinq ans. Cet enfant d’Yverdon-les-Bains s’épanouit dans le rôle de speaker à Yverdon Sport, «son» club. Rencontre avec un passionné.

Tout est parti d’une annonce que Branislav Stojanovic a trouvé un peu par hasard sur les réseaux sociaux. Passionné de football, étudiant alors au Gymnase d’Yverdon, le jeune homme décide de tenter sa chance et il est rapidement sollicité par les dirigeants d’Yverdon Sport afin d’effectuer une pige. Un essai concluant lors d’un match amical d’Yverdon Féminin plus tard, le voilà dans sa cabine pour animer sa première rencontre officielle au Stade municipal. «C’était en mars 2016. Ce devait être lors du derby contre Bavois, mais la rencontre avait finalement été reportée. J’ai donc effectué mes débuts contre le FC Fribourg. Un bon souvenir, d’autant plus que nous avions remporté ce match.»

Si celui que l’on surnomme Brani parle en «nous», c’est que l’Yverdonnois s’est très vite approprié les codes de la maison Yverdon Sport. Depuis petit, il se rend au Stade municipal pour suivre le club de sa ville. Des circonstances qui agrémentent forcément son dévouement pour la fonction de speaker. «Au départ, je voyais ça comme le moyen d’avoir une petite activité en-dehors de mes études. Aujourd’hui, c’est devenu un véritable hobby.»

En clair, l’homme a un peu appris sur le tas. Il s’est également beaucoup inspiré de ce qui se fait dans les autres clubs lors des nombreux déplacements qu’il a pu entreprendre, pour YS ou pour suivre d’autres formations. «Depuis la montée en Challenge League, je fais un maximum de déplacements, surtout pour suivre l’équipe. Après, j’en profite pour regarder d’un œil attentif comment procèdent les speakers.» Ces dernières années, il a également eu l’occasion de présenter des rencontres de galas, comme lors de la réception en 2017 de Fénerbahçe et de l’Athletic Bilbao au Stade municipal. «Là, c’est une autre approche. Il y a un timing précis à suivre pour chaque prise de parole et quelqu’un non loin de nous qui assure le suivi du protocole.»

Soigner les détails

Lors des matchs à domicile, Branislav Stojanovic se rend sur place une heure et demie avant le coup d’envoi. Le temps pour lui de prendre ses marques, d’installer le totomat et de réviser ses gammes. «Avant les matchs, je parcours toujours à plusieurs reprises la liste de l’effectif adverse, afin de ne pas fourcher sur des noms. Il faut retenir les noms un peu plus complexes. En cas de doute, je n’hésite pas à demander à un membre du staff, détaille le speaker d’YS. Mes origines et ma passion pour le football en général m’aident aussi sur certaines prononciations.» Lors d’une rencontre, il s’assure également de tenir à jour le score et les faits de jeu sur le site de l’ASF.

En Promotion League, les saisons dernières, celui qui officie comme employé administratif à la ville d’Yverdon-les-Bains a connu certaines atmosphères pour le moins cocasses. «J’ai vu certains speakers qui encourageaient carrément leur équipe. Je ne pense pas que c’est leur rôle de faire ça. J’essaie de mon côté de garder une posture accueillante pour le club visiteur.»

Le speaker d’YS en action, ici à l’échauffement d’une rencontre de Challenge League.

Branislav Stojanovic doit aujourd’hui jongler entre l’allemand et le français en Challenge League lors de ses discours, chose qui n’était pas obligatoire à l’échelon inférieur. «Il y a un peu plus de règles à suivre, désormais, c’est sûr. Mais je ne les vois pas comme des contraintes. C’est plutôt une manière de se professionnaliser.» Après un goal, il doit par exemple dans un d’abord annoncer la minute avant d’énoncer le buteur. «Alors oui, je ne peux pas me lâcher tout de suite en scandant le nom du buteur. Mais le fait d’exprimer d’abord la minute me permet de capter l’attention du public. Ensuite, je peux me lâcher sur l’annonce du buteur.»

Zürich, le souvenir qui marque

La réfection du Stade municipal, dans le courant de l’année 2020, a n’a pas été sans conséquence pour le speaker d’YS. Il évolue depuis dans une cabine flambant neuve, à l’intérieur de laquelle il a déjà connu des émotions très singulières. «Il y a des matchs qui marquent, forcément. La qualification au bout du suspense contre Zürich fait partie des meilleurs moments. C’était la première fois que je vivais une série de penalties en tant que speaker. C’est un peu fou, mais il a fallu que je me prépare pour ce scénario. J’ai vérifié avant la rencontre le protocole du speaker pour une séance de tirs au but. Je me suis dit si ça arrive, il faut être prêt.»

Mais faut-il avoir des prédispositions particulières pour exercer cette fonction ? En partie, témoigne Brani. «Il faut surtout parvenir à se départir du langage courant, à avoir une exclamation différente de celle du quotidien. Et puis il faut rester détendu. Si l’on se met à stresser, c’est terminé. Personnellement, j’ai tendance à avoir un accent vaudois lorsque je parle. J’essaie donc de le gommer un maximum.»

En cinq ans, l’Yverdonnois n’a cessé de corriger les petits détails, ceux que le public ne voit pas toujours, mais auxquels il accorde beaucoup d’importance. «J’aimerais aujourd’hui trouver une nouvelle musique pour célébrer nos buts. Quelque chose qui nous est propre, d’identifiable. Nous sommes en discussions avec certains supporters pour trouver la bonne musique.» Branislav Stojanovic est un speaker passionné. Les supporters du Stade municipal sont à l’écoute de la «voix du stade» ; lui aussi est à l’écoute de ses supporters.

© Photos : Flashpress/ Allenspach