Capitaine d’Yverdon Sport depuis deux ans, William Le Pogam incarne ce club ambitieux et conquérant. Le latéral gauche d’YS est fier du début de saison de son équipe et la sait encore capable de mieux. Interview après le week-end de trêve internationale et avant un prochain déplacement en Suisse centrale pour y affronter Lucerne.

YS : William Le Pogam, les joueurs d’YS disposaient pour la première fois de la saison d’un week-end de pause avec cette trêve internationale. De quoi un footballeur a-t-il besoin lors d’une coupure comme celle-ci ?

WLP : Chaque footballeur vivra la trêve différemment. Personnellement, je coupe totalement avec le football. Pour être honnête, je n’ai même pas regardé les matchs de qualification pour l’Euro. J’ai besoin de faire et de parler d’autres choses. C’est peut-être lié à mon âge, mais j’ai pour habitude de prendre soin de mon corps durant ces moments. J’aime me détendre, faire des soins, manger sainement ou encore me promener. Je prends ce temps pour me reposer. En l’occurrence, j’ai profité d’un week-end en Italie avec ma copine.

YS : À aucun moment vous avez parlé de football, donc ?

WLP : Forcément que la thématique est par moments arrivée sur la table. Et puis des fois elle vient carrément à nous. Il m’est arrivé une anecdote assez folle ce week-end. Nous étions à Turin. Et là, une voiture s’arrête au passage piétons pour nous laisser passer. La fenêtre de la voiture s’ouvre, j’entends mon prénom résonner. C’était le Directeur général du club Marco Degennaro, qui était autant surpris que je ne l’étais à l’idée de se croiser là, si loin de notre habituel Stade municipal. C’était un moment insolite, qui nous a bien fait rire. 

YS : Vous avez déjà disputé dix matchs en championnat cette saison et occupez cette probante 6e place du classement de Super League. Avec un peu de recul, comment juges-tu ces débuts ?

WLP : Le bilan est très bon au vu de notre position de néo-promu et plus largement de la qualité de ce championnat. Aussi, nous avons su faire preuve d’une belle solidité pour enchaîner les matchs de cette manière. Il y a ce petit bémol avec ce revers contre GC juste avant la trêve. Nous nous étions préparés à devoir prendre le jeu à notre compte, mais peut-être pas à ce point. Mais je pense que, de manière générale, les équipes ont été surprises par ce que l’on a produit jusqu’à présent. Peut-être que dorénavant, elles vont venir nous défier avec plus de bienveillance, en nous prenant encore un peu plus au sérieux.

« En 2020, il fallait tenter l’aventure. Quitte à redescendre d’une ligue. Trois ans plus tard, nous avons été champions à deux reprises ! »

William Le Pogam

YS : Si on revient un peu en arrière, tu es arrivé à Yverdon Sport durant l’été 2020. Le club évoluait encore en Promotion League. Trois ans plus tard, il a retrouvé l’élite et tu en es devenu le capitaine. Un scénario complètement fou, non ?

WLP : Il s’est passé tant de choses incroyables en trois ans, je n’aurais pas imaginé cela. Lorsque je suis arrivé, YS venait de manquer un premier retour en Challenge League après que le Covid soit venu jouer les trouble-fête. La saison suivante, pour mes débuts, nous avons cette fois-ci pu valider cette promotion sur le terrain. Les choses se sont ensuite accélérées : le retrait de Mustafa Sejmenovic, alors capitaine ; ma suspension pour les deux premiers matchs de la saison en Challenge League ; le changement d’entraîneur et l’arrivée d’Uli Forte… En quelques semaines seulement, j’ai hérité du brassard de capitaine de cette équipe et j’en suis aujourd’hui fier. Parce que depuis le début, j’ai senti que cette histoire allait être particulière. En quittant la Challenge League (ndlr : avec le SLO, son ancien club) pour rejoindre la Promotion League, j’ai pris la décision de redescendre. C’était une aventure à tenter, et puis je n’avais sur le plan personnel encore jamais remporté de titre. Au final, nous en gagnons deux. Mais parce qu’il y a toujours eu des gens derrière ce club qui ont travaillé dur et qui ont cru en leur projet.

Les yeux rivés vers l’horizon : le capitaine d’YS, 30 ans, a encore de très beaux objectifs avec le club qui est le sien depuis 2020.

YS : Humainement, qu’est-ce qui a changé avec ce nouveau statut de joueur de Super League ?

WLP :
Déjà, le soutien des Yverdonnois est différent. On sent un réel engouement depuis plusieurs mois et cette folle épopée la saison dernière. Là, c’est encore un cran au-dessus. Les gens nous reconnaissent davantage en ville, on y voit plus de maillots et de survêtements d’YS qu’avant. En termes de statut et de légitimation, la Super League occupe aussi une autre place que la Challenge League et la Promotion League, deux championnats nettement moins suivis. Il y a deux ans, j’avais dit lors d’une interview vouloir évoluer un jour avec YS en Super League. C’est aussi une petite fierté personnelle, car on ne m’a pas toujours fait des cadeaux par le passé. Maintenant que nous y sommes, j’ai envie d’aller encore plus haut avec ce club.

YS : Cette Super League justement, comment l’évalues-tu ? Qu’est-ce qui fait la force des tous meilleurs ?

WLP : Les équipes du haut de classement ont tout d’abord des effectifs de grande qualité. Ce sont des formations qui connaissent leurs forces et qui parviennent à se montrer constantes depuis le début de la saison. Le système est maîtrisé, bien assimilé, et elles ne s’affolent pas dans les moments un peu plus difficiles. C’est cette constance que nous devons améliorer si nous voulons passer encore un cap. Mais n’oublions pas que le groupe est encore en phase d’apprentissage et qu’il s’est construit relativement tard.

« À chaque fois que l’on revient des vestiaires, on sent les deux tribunes qui nous acclament et nous encouragent. Cela nous pousse à nous battre encore davantage sur le terrain ! »

William Le Pogam

YS : Parlons un peu du public d’Yverdon Sport. Sur le terrain aussi, vous percevez ce chaleureux soutien depuis le retour au Stade municipal et cette victoire face au FC Bâle ?

WLP : Franchement, tout le monde vibre, c’est assez fou. Pour avoir connu YS dans les ligues inférieures, je peux vous dire que les choses ont bien changé. Les premiers derbies en Challenge League, contre Xamax puis contre le LS, ont ramené du monde. Désormais, à chaque fois que l’on revient des vestiaires, on sent les deux tribunes qui nous acclament et nous encouragent. Le secteur pelouse est également très bruyant avec nos groupes de supporters. Sur le terrain, on est heureux et fiers ! On se prend au jeu ! Ce soutien nous fait du bien. C’est aussi précieux de pouvoir compter sur un public positif. Même après le revers 3-0 face à GC, les supporters nous disaient que les défaites font partie du football. Ils nous témoignaient leur soutien et leur fierté. Après ça, on a envie d’en faire plus, de se battre. C’est d’ailleurs ce que je dis souvent à mes coéquipiers : on peut être dans un mauvais jour, mais on doit se battre. Jusqu’au bout.

Mauro Rodrigues et William Le Pogam (à droite) célébrant la victoire face au FC Bâle lors du retour de la Super League au Municipal.

YS : Abordons pour terminer la prochaine échéance, et ce match à Lucerne. La seule équipe que nous n’avons pas encore affrontée en Super League cette saison. A quel match faut-il s’attendre ?

WLP : Lucerne est une équipe attractive, portée vers l’avant et portée par un très joli public. Une équipe avec des belles individualités. À nous de montrer nos forces même loin de chez nous afin d’y rentrer avec un résultat positif !

#AllezYS