Nous sommes allés à la rencontre de Noémie Potier, jeune joueuse prometteuse des M15 d’Yverdon Sport et de l’équipe suisse M17. Seule fille à évoluer sous les ordres de Michaël Licciardi, la Lausannoise de 15 ans s’affirme petit à petit autour de ses homologues masculins. Ses entraîneurs louent d’ailleurs les mérites d’une joueuse qui entend bien devenir professionnelle à l’avenir. Rencontre. 

C’est avec un air décontracté que Noémie Potier a accepté notre invitation pour évoquer son parcours dans le football. C’est que la jeune joueuse de 15 ans avait envie de s’exprimer, aussi, au sujet d’une thématique qui lui tient à cœur. Alors, quand il en était question, elle n’hésitait pas à répondre un peu plus que ce qui lui était demandé, malgré sa timidité apparente. «J’ai envie de prouver que le football féminin ce n’est pas rien. Les hommes, c’est la classe, ça joue très bien au ballon, mais il est important de voir de l’autre côté. En tant que fille, on rêve aussi de passer à la télé, d’être reconnue. En ce sens, J’ai l’impression que les mentalités changent, que les gens s’intéressent davantage au football féminin.»

Si pour certains leurs idoles s’appellent plutôt Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo, les premiers noms qui viennent à l’esprit de l’internationale suisse M17 sont Lieke Martens, Alex Morgan et Megan Rapinoe. «Bien-sur que je regarde aussi le football masculin et m’inspire de joueurs comme Kylian Mbappé ou Neymar. Mais dès que j’en ai l’occasion, je regarde les filles jouer!»

Noémie Potier aimerait bien voir un peu plus de lumière sur le football féminin.

Aujourd’hui, Noémie Potier évolue en M15 à Yverdon Sport et ce depuis le début de la saison. Avec les garçons, au mépris des idées reçues, elle a porté à plusieurs reprises le brassard de capitaine, devenant petit à petit un élément reconnu et respecté de son collectif. Elle suit en parallèle une formation sport-études à Bienne – à l’Académie de l’ASF – pour la troisième année consécutive, où cours et entraînements sont parfaitement combinés. De quoi lui permettre de progresser dans sa discipline sans craindre un éventuel retard dans sa scolarité.  

Une personnalité plus affirmée

Au Stade municipal, Noémie Potier s’entraîne une fois par semaine avec ses coéquipiers. Le vendredi, à son retour de Bienne. «Et les garçons m’accueillent très bien. Même si je loupe des entraînements à leurs côtés, ils ne font aucune différence entre moi ou un autre. Ils sont contents quand je suis là, se montrant même intéressés par mon parcours. Les coaches aussi m’ont parfaitement accueilli. Franchement, je m’y sens vraiment bien.» 

Il faut dire que la jeune Lausannoise possède déjà un certain bagage en matière d’intégration. Très vite, elle a quitté le cocon familial pour rejoindre une famille d’accueil. A Bienne, elle suit les cours dans une école publique, dans un environnement qui ne lui était pas franchement familier à ses débuts. «Avant, j’étais un peu renfermée. Par peur qu’on me juge, peut-être. Et puis cette expérience sport-études m’a servi de déclic. Au bout d’un moment, je me suis dit : «Vas-y parle. Intègre-toi.» Désormais, je me sens parfaitement à ma place à YS.»

La joueuse d’YS, qui évolue sur l’aile, aime avoir le ballon et percuter.

Pas conservée au LS 

Mais les choses n’ont pas toujours été faciles pour l’attaquante de 15 ans. Après des débuts à Malley, elle a rejoint le Lausanne-Sport, où elle a effectué toutes ses gammes jusqu’en M14. Suite à une discussion avec les entraîneurs M15, il s’est avéré que Noémie Potier ne répondait pas à certaines exigences de sa future équipe, notamment sur le plan physique. «J’ai eu un peu de mal à l’accepter. J’estimais que j’aurais pu avoir ma chance, du moins j’étais prête à travailler dur pour y parvenir. Mais c’est le football, il y a des hauts et des bas. Ce que je voulais, aussi, c’est avoir du temps de jeu.» Après des discussions avec les entraîneurs du cadre national à Bienne, ceux-ci l’ont redirigé à Yverdon Sport. Un choix qu’elle juge aujourd’hui optimal.  

«Son intégration s’est effectivement très bien passée. Elle a été facilitée je pense par son caractère et son attitude, mais aussi par ses qualités de joueuses, détaille Michaël Licciardi. Quand on assure sur le terrain, c’est toujours plus simple!» L’entraîneur des M15 d’Yverdon Sport n’a pas eu besoin d’adapter son coaching cette saison. «Les exigences sont les mêmes pour tout le monde. Maintenant, on adapte un peu le discours, on essaie d’être bienveillant. Sur WhatsApp, ce n’est plus «Bonjour les gars» mais «Bonjour à toutes et à tous», ajoute celui qui se montre satisfait de la venue de Noémie Potier dans son effectif, laquelle a apporté des qualités techniques nouvelles à son collectif. 

Noémie Potier est aussi à l’aise au baby-foot que sur une pelouse, elle qui y joue souvent lors de son temps libre à Bienne.

Freinée en équipe de Suisse

A l’entendre, le football constitue à ses yeux bien plus qu’un simple exutoire. Des plans de carrière, elle n’en envisage pas beaucoup. La voie qu’elle souhaite suivre, c’est celle qui va la mener au football professionnel. «J’ai un rêve, et je vais tout faire pour l’atteindre. La mentalité, c’est 75% du parcours d’un sportif. Il faut se montrer déterminé pour y parvenir.» Consciente que les places dans l’élite du football féminin sont chères, Noémie Potier n’en demeure pas moins ambitieuse. Elle a d’ailleurs été récompensée et soutenue par la Ville de Lausanne pour son engagement. 

Ses bonnes performances lui ont d’ailleurs ouvert les portes de l’équipe de Suisse. Fille d’un ancien footballeur du Lausanne-Sport et d’une maman passionnée par le ballon rond, l’Helvético-panaméenne a dans un premier temps rejoint la sélection M16, où ses deux premières apparitions ont suffi à convaincre le sélectionneur de la propulser en M17. Lors d’une rencontre amicale, elle a même inscrit sa première réussite sous les couleurs de la Nati. «C’était comme un rêve qui se réalisait. Je suis quelqu’un qui adore percuter, affronter mais surtout marquer.» A-t-elle pu chanter l’hymne national ? «La pandémie était déjà là, il n’y avait pas les protocoles habituels. Les qualifications pour l’euro ont d’ailleurs été annulées. C’est frustrant, oui, mais ça ne doit pas venir me décourager. Il y aura d’autres compétitions à l’avenir.»

La jeune M15 d’Yverdon Sport ici avec le maillot de l’équipe de Suisse.
Crédit: Cécilia Potier-Serrano

Un avenir à dessiner

Avant de commencer le football, en 2014, Noémie Potier a pratiqué la danse classique. Aujourd’hui, son attention est pleinement portée sur le football, mais certains voient en elle les reliques d’une ancienne danseuse classique. «Parfois on me fait remarquer que je cours toute droite», raconte-elle avec le sourire. En dehors du football, la Lausannoise apprécie particulièrement écouter de la musique et voyager. «Avant un match, c’est musique à coin dans le vestiaire.» Si son futur n’est pas encore tout tracé, elle envisage par la suite de rejoindre un des grands noms du football suisse, avant de pourquoi pas s’envoler pour l’étranger. A 15 ans, elle est prête à tout pour réussir.  

© Photo : Flashpress/ Allenspach

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