Renatus Boniface Njohole, de son nom complet, a lui aussi vécu le formidable parcours en Coupe de Suisse en 2001. Milieu de terrain défensif très travailleur, aujourd’hui entraîneur-assistant au FC Bavois, il a laissé un excellent souvenir au Stade municipal. Quatrième volet de notre série sur les « Yverdonnois de 2001 ».

Il est arrivé dans le Nord vaudois pour lancer sa carrière de footballeur professionnel en 1999, il n’a depuis plus jamais quitté la région. L’histoire de Renatus Njohole est singulière, un peu folle : elle raconte comment un jeune joueur de tout juste 19 ans, dépourvu de tout repères et arrivé de Tanzanie (où la langue nationale est le kiswahili), s’est finalement servi du football pour construire sa vie. Malgré des débuts à Yverdon tout sauf évidents.

«Je jouais dans le club de Simba, en Tanzanie. Le président du club avait un contact du côté du Lausanne-Sports», raconte celui qui a été élu meilleur joueur de son pays au terme de la saison 1998-1999. Les journaux nationaux parlent de lui. Son nom est évoqué un peu partout, aussi en Europe, et des premiers contacts s’établissent donc avec le LS. «Le club avait fait les démarches pour que j’obtienne mon visa. J’étais sur le point de m’engager, et puis il y a eu un changement d’entraîneur. Je n’entrais plus vraiment dans les plans de ce dernier

Un joueur apprécié

A Yverdon Sport, non loin de là, l’entraîneur s’appelle Lucien Favre. Il sent Renatus Njohole capable d’apporter énormément à son groupe et l’accueille dans son collectif. Deux mois plus tard, coup de tonnerre : le milieu de terrain, fraîchement arrivé dans la Cité thermale, subit une fracture du tibia-péroné. Il est tenu éloigné des terrains jusqu’au terme de l’exercice. «Forcément, ce n’est pas le meilleur début possible. J’ai quitté la tanzanie, où j’allais à l’école, pour venir vivre du foot. Et voilà que je me retrouve à nouveau sur les bancs d’école, à faire des cours du soir pour apprendre la langue plutôt qu’à être sur les terrains

3 mai 2001, Lausanne-Sports- Yverdon Sport. Renatus contrôle Baudry.

Sa réhabilitation se passe malgré tout plutôt bien. Lucien Favre, parti à Servette, prend régulièrement de ses nouvelles et « Renatus » s’acclimate à la vie dans le Nord vaudois. Il devient rapidement un joueur apprécié, notamment pour sa combativité et son humilité. «J’étais plutôt un joueur discret sur le terrain, qui faisait les courses que pas tout le monde n’aimait faire, mais cela reflète aussi ma personnalité dans la vie de tous les jours.»

L’Europe en ligne de mire

Au total, Renatus Njohole passera cinq années à Yverdon Sport. Il quittera le club à l’été 2004, pour une courte pige du côté de Valmont avant de rejoindre le FC Baulmes, puis le Mont et enfin Bavois. A son actif évidemment, cette finale de Coupe de Suisse, notamment, disputée en 2001. C’est d’ailleurs lui qui a inscrit le penalty victorieux en demi-finale éliminant ainsi le Lausanne-Sports, le club qui était sur le point de l’accueillir deux ans plus tôt. «A ce moment, les émotions que l’on ressent sont tellement diverses. On venait de perdre un match crucial en championnat contre YB (1-0) dans les toutes dernières secondes, au tour de promotion-relégation. Tirer lors de la mort-subite, en dernier et dans ce contexte, c’est énormément de responsabilité. Mais on pense aussi à ce qu’il se passe en cas de penalty marqué. Là, c’était un ticket pour la finale et une première porte ouverte sur une compétition européenne !»

Renatus Njohole, ici à Onnens, où il réside.

L’ancien milieu de terrain se souvient d’une atmosphère particulière dans le groupe, où un mélange de joueurs d’origine étrangère – notamment brésilienne ­­– et de joueurs de la région avait parfaitement été trouvé. «On partageait facilement des repas ensemble en ville, même s’il n’y avait aucune obligation. C’était devenu une habitude. Après les matchs, on allait remercier les sponsors, on passait du temps à la buvette, parfois ensuite en ville, où on se mélangeait avec les supporters. Toute la ville était derrière YS. J’espère que ce sera à nouveau le cas cette année et surtout à l’occasion de cette demi-finale contre St-Gall

A l’heure actuelle, 3’000 billets ont été vendus pour le « match de l’année » contre St-Gall. Nous remercions pleinement Renatus Njohole pour son témoignage et lui souhaitons plein succès pour la suite de ses défis footballistiques !

© Photos : Flashpress/ Allenspach

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