Yverdon Sport peut compter sur un Varol Tasar en grande forme depuis le début de saison. L’ailier de 27 ans se plaît au Stade municipal, qu’il a rejoint cet été en provenance de Lucerne. Avec ses quatre buts et trois passes décisives, il est le meilleur compteur des Verts après douze journées. Rencontre avec un homme posé, murit par les expériences et rasséréné par son équilibre familial.

YS : Varol Tasar, si l’on prend un peu de hauteur, ce début de saison est plutôt positif avec cette huitième place au classement de Super League avec seize points, non ?

VT : Effectivement, et ce n’est pas franchement une surprise tant nous avons un effectif de qualité. Le premier match de la saison à Zürich fut difficile. Mais il fallait aussi s’y attendre et ne pas trop douter. La préparation n’a pas été optimale, certains joueurs ont connu une pré-saison difficile. Depuis, le groupe a pris conscience de ses forces et a appris à jouer ensemble.

YS : Personnellement aussi ça se passe bien pour toi, avec ces quatre buts et trois passes décisives.

VT : Les chiffres pourraient encore être meilleurs, mais oui, c’est un bon début de saison. À vrai dire, j’ai la confiance de l’équipe et du staff et celle-ci m’est importante. Je me sens bien, je me sens libéré. J’ai connu des saisons plus difficiles par le passé, où je me sentais menacé pour chaque erreur que je commettais sur le terrain. Ici, j’ai le sentiment d’être respecté et je me sens à ma place dans le vestiaire. Je joue dans une position sur le terrain que j’affectionne et les erreurs me poussent simplement à faire encore mieux.

YS : Et puis il y a cette « spéciale », avec la pichenette devant le but. Deux de tes quatre réussites ont été inscrites de cette manière. Est-ce un geste que tu maîtrises plus qu’un autre ?

VT : Pas spécialement. Devant le but, je fonctionne vraiment au feeling. Tout dépend de ma position et de celle du gardien adverse. Mais en face à face, j’analyse beaucoup avant d’opter pour le geste que j’estime optimal.

« Plus jeune je cogitais beaucoup après les matchs. Je n’acceptais par exemple pas d’être changé en cours de jeu »

Varol Tasar

YS :  La saison dernière tu aurais pu être le héros malheureux d’Yverdon Sport lorsque, au dernier match de la saison au Stade municipal, sous les couleurs d’Aarau, tu es parti à la vitesse de l’éclair au but avant d’être intercepté au tout dernier instant par Anthony Sauthier. Un évènement qui aurait très bien pu empêcher Yverdon Sport de retrouver la Super League. Raconte-nous un peu ce moment…

VT :  C’est vrai et cette action incarne aussi ma dernière saison. Je n’étais pas trop en confiance. Peut-être que, aujourd’hui, le même geste sous mes nouvelles couleurs terminerait au fond. Peut-être que j’aurais pris la décision plus rapidement, celle de shooter avant.

Varol Tasar après son but contre le FC Bâle, dimanche 24 septembre dernier au Stade municipal.

YS : Plus globalement, comment se passe ton intégration ici à Yverdon ?

VT : Je vis dans un petit village près d’Echallens, où je m’y sens bien avec ma petite famille. Je ne connaissais pas trop la région avant de m’y installer pour être honnête.

YS : Et la langue française, est-ce toujours un casse-tête pour toi ?

VT : Oui mais je la comprends toujours un peu plus. Davantage que je ne la parle en tout cas (ndlr : rires) ! Mais je n’ai aucun souci de communication, puisque tant Marco Schällibaum avant que désormais Alessandro Mangiarratti s’expriment dans plusieurs langues, dont l’allemand, ma langue maternelle, et l’anglais, que je maîtrise aussi.

YS : D’un point de vue privé, on te sent très proche de te famille. On se trompe ?

VT : C’est exact, j’ai la chance d’être le papa d’une petite fille depuis peu. Je passe énormément de temps avec ma femme et mon enfant. J’aime être à la maison, entouré de ceux que j’aime. Mes parents viennent également régulièrement me voir jouer quand ils en ont l’occasion, bien qu’ils habitent à quelques heures de route d’Yverdon.

YS : Quel est le rôle de la famille, justement, dans ton quotidien de footballeur ?

VT :  Après une journée difficile, elle me permet de me calmer, d’oublier. Le football demande d’être fort mentalement et, auparavant, après les matchs, je cogitais beaucoup, encore plus après une défaite. Plus jeune, je n’acceptais pas forcément d’être changé en cours de jeu. Aujourd’hui j’ai davantage de recul, je suis plus mûr. Une fois à la maison, je vois le sourire de ma fille et je me rappelle aussitôt aux bons moments.

« La cotisation était trop cher pour mes parents qui n’avaient pas d’énormes moyens. J’ai donc continué au BSC Old Boys »

Varol Tasar

YS : Tu as fait l’essentiel de ta carrière de football en Suisse. Te sens-tu davantage comme un joueur d’origine suisse, ou allemande, ton pays natal ?

VT : Mes parents sont d’origine turcs et je me sens davantage comme allemand. J’y ai vécu l’essentiel de ma vie et connu la plupart de mes amis. Car en fait, lorsque j’évoluais en Suisse, je vivais encore en Allemagne, pas loin de la frontière. Même en étant jeune. Je faisais les trajets en train, ou mon père m’amenait à l’entraînement.

YS : Le Varol Tasar d’avant était similaire à celui d’aujourd’hui, c’est-à-dire petit, technique et très rapide ?

VT : J’ai commencé le football à 4 ans et j’ai toujours évolué en attaque. Effectivement, il n’y avait généralement pas plus petit que mois dans l’équipe mais cela n’a jamais réellement posé problème. Si ce n’est à Freibourg, en Allemagne. À 7 ans, on m’a fait comprendre que la taille ne parlait pas vraiment pour moi. J’ai opté pour la Suisse et le FC Bâle, mais la cotisation était trop chère pour mes parents, qui n’avaient pas d’énormes moyens. Alors nous avons trouvé une solution dans un autre club de la ville de Bâle : le BSC Old Boys. Le club a décidé de financer une partie de cette cotisation en attendant que mes parents puissent la régler plus tard dans l’année. C’était une solution qui me convenait très bien ; je ne voulais surtout pas mettre mes parents dans une situation délicate.

YS : Tu as aussi connu une expérience à l’étranger, en Turquie, dans le pays de tes parents.

VT : Oui, je suis parti après l’école obligatoire, je venais d’avoir 18 ans. Dans un club de troisième division. Mais l’aventure ne s’est pas passée comme prévu. Je n’ai quasiment pas joué, j’étais littéralement seul, dans une chambre, sans connaître personne… Je m’entraînais dur sans être aligné sur le terrain. Après 4 mois, j’ai décidé de revenir en Suisse. Je n’avais plus envie de me battre et voulais à ce moment arrêter le football, sincèrement

YS : Mais ce n’est pas ce qui est arrivé puisque tu portes désormais les couleurs d’Yverdon Sport.  

VT : On m’a proposé de reprendre à Aarau, avec les M21. Je n’étais pas contre l’idée. Après des bons débuts, j’ai intégré la première équipe, et j’étais totalement relancé.

YS : Jusqu’à disputer 182 matchs en Swiss Football League pour 39 buts… À 27 ans, te considères-tu gentiment comme un joueur d’expérience dans le vestiaire ?

VT : Je dirais que je me situe au milieu. Je ne suis pas trop le genre de joueur à aller donner énormément de conseils. J’aide plutôt les plus mes coéquipiers sur l’aspect mental, en les encourageant à chaque fois que j’en ai l’occasion.

Nous remercions Varol Tasar pour le temps accordé à cet interview et lui souhaitons une excellente suite de saison avec les Verts !

#AllezYS