André Lehmann ne manque aucun match d’Yverdon Sport à domicile depuis plusieurs années. Il se déplace même à l’extérieur lorsque la possibilité se présente. A 92 ans, il fait partie des aînés du Stade municipal et nous sommes allés à sa rencontre.

C’est dans sa chaleureuse résidence du bord du lac de Neuchâtel, à Grandson, qu’André Lehmann a choisi de nous accueillir. Quelques kilomètres seulement le séparent du Stade municipal, lieu d’intenses émotions qu’il vit semaine après semaine au rythme des matchs d’Yverdon Sport. La raison de notre rencontre ? André Lehmann, 92 ans, fait partie des plus anciens supporters d’YS. Fait qu’il admet malgré lui lorsqu’on le lui expose : «C’est vrai que je dois être un des plus anciens. Avec les années, il faut dire que je connais de moins en moins de monde.»

Pris par le jeu

«Avec le temps, pas mal de personnes ont disparu. Je me dis que j’ai un peu de chance d’être encore là, de pouvoir venir au stade. Surtout, je peux encore suivre les matchs, même debout s’il faut.» Au Stade municipal, André Lehmann assiste aux rencontres depuis le bord du terrain, derrière la barrière, proche de la terrasse du restaurant. Là où la proximité avec les 22 acteurs est la plus intense. Là où les émotions du terrain ressortent un peu plus qu’ailleurs. «On est proches du jeu, on voit très bien certaines phases, détaille-t-il. Sinon, c’est en tribune verte que je me rends. C’est là que l’ambiance est la meilleure.»

Mais quelle est donc la genèse de cet attachement pour Yverdon Sport ? André Lehmann ne saurait dire exactement comment a débuté cette aventure. Son fils, François, se rappelle des premières sorties avec son père à la fin des années 1960. «A cette époque, on allait voir quelques matchs à la Pontaise. On y allait pour l’évènement. C’était la génération des Seigneurs de la nuit, il y avait quasiment 20’000 personnes au match. Et puis après, on allait régulièrement voir le hockey sur glace.» A Yverdon, le club d’alors se nomme le CPY (Club des Patineurs d’Yverdon).

André Lehmann, ancien préposé aux poursuites à l’Etat de Vaud, se souvient notamment d’un déplacement au Sentier, lors d’un derby contre la Vallée de Joux, véritable rival au hockey sur glace. «J’étais déjà très fier de représenter ma ville, Yverdon. J’y suis allé vêtu de mon écharpe. Mais l’atmosphère y était un peu hostile. A la fin du match, on m’a taillardé mon écharpe.» Le début d’une véritable carrière de supporter.

De Ludovic Magnin à Brian Beyer

Les années ont passé et André Lehmann s’est rapproché des terrains de football, se montrant toujours fidèle à son club, Yverdon Sport. «Les joueurs qui m’ont marqué ? Je ne me souviens plus de tous, mais je peux vous ressortir certains noms. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est Ludovic Magnin qui ressort en premier. Je le vois encore cavaler sur son côté gauche, c’était toujours très impressionnant. Aujourd’hui, c’est Brian Beyer que je mettrais en avant. Il a quelque chose qui me rappelle Ludovic Magnin. Peut-être sa combativité, sa manière de perforer les défenses adverses.»

André Lehmann, en décembre 2018, avant la réfection du Stade municipal.

Waymond Bardel émerge également de ses souvenirs. L’Yverdonnois était le premier joueur de couleur à avoir été sélectionné en équipe de Suisse, dans les années 50. «Il habitait à la Rue d’Orbe. Je vois encore exactement dans quelle maison. Lui, c’est sûr, il a marqué l’histoire du club.» Plus récemment, il retient encore le passage de Djibril Cissé, légende du football mondial. «Un joueur de ce calibre qui vient à YS, c’était incroyable. Je me demande toujours comment cela s’était concrétisé.»

L’après-match, l’incontournable

Sa passion pour Yverdon Sport s’est intensifiée avec les années. A domicile comme à l’extérieur, André Lehmann n’a cessé de vibrer pour le club de sa ville. Ces dernières années, il a effectué grand nombre de déplacements aux quatre coins de la Suisse. «C’est toujours intéressant de découvrir des stades. Xamax, par exemple c’est magnifique ! A Breitenrain, le terrain est au milieu de la ville, c’est assez fou. Mais le déplacement qui m’a le plus marqué, c’est Bellinzone. Nous étions partis en train, avec le pic-nic. Ce jour-là, c’était vraiment la grosse expédition.»

Car l’expérience ne se résume pas uniquement au match. Il y a l’avant, mais aussi l’après. Au restaurant, les discussions pleuvent au coup de sifflet final. «On traîne, on commente les erreurs, on se refait les buts. C’est un peu ça aussi un supporter. Chacun raconte sa vision du match, chacun y va de sa petite analyse.» C’est en famille qu’André Lehmann partage son ressenti de la rencontre, ou avec d’autres personnes qu’il a appris à connaître au Stade municipal.

L’anecdote finale revient à une légende d’Yverdon Sport, figure bien connue du football international : Lucien Favre. André Lehmann, employé à Lausanne par le passé, nous raconte avoir travaillé proche des bureaux où exerçait l’ancien entraîneur d’YS, de Servette, ou encore de Dortmund, désormais à l’OGC Nice. «Des souvenirs que j’en garde, c’était un farceur !» L’histoire d’Yverdon Sport a été écrite par des grands noms du football. Et André Lehmann en a connu plus d’un.

© Photo : Flashpress/ Allenspach

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