Avec l’arrêt des compétitions, les joueurs d’Yverdon Sport se retrouvent privés d’exercer leur activité principale. Certains d’entre eux, à l’image d’Ali Kabacalman, restent tout de même actifs dans le milieu professionnel. Il est en effet sur le point de terminer son service civil. Rencontre.
Il a dans un premier temps été envoyé à Kreuzligen (TG), Ali Kabacalman. La faute à un léger manque de réussite, mais aussi à un manque d’intérêt certain pour un univers qui ne l’intéressait franchement pas. Lors de son recrutement, le footballeur alors âgé de 19 ans est en effet jugé apte à entreprendre son service militaire. «Je voyais plutôt cela comme une contrainte. A la sortie de ce recrutement, une personne m’a indiqué qu’elle allait s’inscrire au service civil. Je ne connaissais même pas cette éventualité.»
Le soir-même, le Lausannois dépose sa demande et est admis quelques jours après. Le début d’une longue exploration du milieu social, étalée sur six ans et auréolée de rencontres et d’expériences variées. Aujourd’hui, c’est au SemoNord à Yverdon-les-Bains que Ali Kabacalman, 25 ans, est sur le point d’acheminer son service civil.
Ali Kabacalman dispo d’un bureau, où il est amené à entreprendre des tâches administratives
Un service en trois temps
Ses débuts en tant que civiliste, le footballeur ne les a effectués que deux ans après son admission, alors qu’il évolue au sein des M21 du Lausanne-Sport. Sa première affectation dure six mois et se déroule à la Policlinique médicale universitaire (PMU) du CHUV, à Lausanne. «Une bonne première expérience, avec une chouette équipe et un cahier des charges bien garni.» En parallèle, Ali Kabacalman continuait d’évoluer avec la réserve du LS, lui qui a ensuite rejoint la première équipe au terme de l’exercice.
L’affectation longue achevée (ndlr : chaque civiliste est dans l’obligation d’accomplir au moins une fois six mois consécutifs et à temps plein au sein d’un même établissement), le milieu de terrain décide de mettre en parenthèse son service civil pour une durée indéterminée, afin de se concentrer sur le football. Il prend ensuite la direction de Chiasso, puis de Rapperswil, tous deux alors en Challenge League.
La flexibilité laissée alors par le fonctionnement du service civil lui permet de vivre pleinement de son activité de footballeur. Les jours de service peuvent en effet être effectués sur un espace-temps bien plus large que lors d’un service militaire, moyennant en revanche une durée totale plus longue (365 jours). Ali Kabacalman débarque ensuite à Yverdon Sport (PL), durant l’été 2019, où un nouveau chapitre s’ouvre dans sa carrière.
Durant son quotidien, le joueur d’YS effectue aussi des livraisons à domicile.
Une échappatoire
Dans la Cité thermale, le Lausannois a donc pu bénéficier des deux arrêts de championnats liés à la crise sanitaire pour boucler ses jours. «Dans un premier temps, je voulais les terminer l’année passée, au cas où on était menés à monter en Challenge League.» S’il doit désormais prendre son mal en patience côté football, cette nouvelle activité lui permet aujourd’hui de ne pas se morfondre sur l’accumulation des désillusions qui sévissent sur le monde du sport.
«Certains n’ont que ça, ils sont très fatigués de la situation. Et j’aurais certainement réagi de la même manière. Maintenant, cette activité me permet de combler le manque, ou du moins de l’oublier un petit peu.» Au SemoNord, le milieu de terrain d’YS s’occupe d’accompagner des jeunes âgés de 15 à 25 ans sur le marché du travail. Dans leurs locaux, ceux-ci s’attellent également à diverses tâches quotidiennes, comme la cuisine et le service à table. De son côté, Ali Kabacalman est chargé de la livraison des repas lors du service de midi, lui qui termine ensuite sa journée par des tâches administratives.
Le footballeur accompagne les jeunes pour la réalisation de lettres de motivation ou de CV.
En terrain connu
Un quotidien nouveau pour un footballeur habitué à vivre de sa passion ? Pas vraiment, lorsqu’on sait que ses parents étaient autrefois tenanciers d’un restaurant et qu’ils gèrent aujourd’hui un café. Bercé par cet univers depuis tout petit, Ali Kabacalman a bien connu ces deux établissements pour y avoir travaillé. Lors du premier tout de la saison 2020-2021, il était aussi employé à mi-temps à La Poste.
«C’est une expérience nouvelle, oui, mais je connais déjà le monde du travail et celui-ci ne me fait pas peur pour l’après-football. Dans une carrière, on acquiert aussi de nombreuses connaissances, des contacts, ce qui nous ouvrent des portes. Regardez par exemple mes deux affectations de civiliste à Yverdon : la première, c’est Florian Gudit qui m’a donné le contact. La seconde, c’est Kevin Martin !»
L’intérêt des jeunes
Au SemoNord, certains le questionnent au sujet d’Yverdon Sport. «Que ce soient les collègues ou les jeunes, ils sont curieux. Ils me demandent ce qu’est un vestiaire, ce que représente le quotidien d’un footballeur. C’est sympa de pouvoir partager ça avec eux. Certains jeunes jouent mêmes dans les juniors d’YS, on en profite donc pour échanger un peu.» De là à en voir une vocation pour le milieu social ? «Je ne sais pas, j’en suis pas certain. En revanche, je prends du plaisir à travailler avec les jeunes !»
Nous sommes allés à la rencontre de Noémie Potier, jeune joueuse prometteuse des M15 d’Yverdon Sport et de l’équipe suisse M17. Seule fille à évoluer sous les ordres de Michaël Licciardi, la Lausannoise de 15 ans s’affirme petit à petit autour de ses homologues masculins. Ses entraîneurs louent d’ailleurs les mérites d’une joueuse qui entend bien devenir professionnelle à l’avenir. Rencontre.
C’est avec un air décontracté que Noémie Potier a accepté notre invitation pour évoquer son parcours dans le football. C’est que la jeune joueuse de 15 ans avait envie de s’exprimer, aussi, au sujet d’une thématique qui lui tient à cœur. Alors, quand il en était question, elle n’hésitait pas à répondre un peu plus que ce qui lui était demandé, malgré sa timidité apparente. «J’ai envie de prouver que le football féminin ce n’est pas rien. Les hommes, c’est la classe, ça joue très bien au ballon, mais il est important de voir de l’autre côté. En tant que fille, on rêve aussi de passer à la télé, d’être reconnue. En ce sens, J’ai l’impression que les mentalités changent, que les gens s’intéressent davantage au football féminin.»
Si pour certains leurs idoles s’appellent plutôt Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo, les premiers noms qui viennent à l’esprit de l’internationale suisse M17 sont Lieke Martens, Alex Morgan et Megan Rapinoe. «Bien-sur que je regarde aussi le football masculin et m’inspire de joueurs comme Kylian Mbappé ou Neymar. Mais dès que j’en ai l’occasion, je regarde les filles jouer!»
Noémie Potier aimerait bien voir un peu plus de lumière sur le football féminin.
Aujourd’hui, Noémie Potier évolue en M15 à Yverdon Sport et ce depuis le début de la saison. Avec les garçons, au mépris des idées reçues, elle a porté à plusieurs reprises le brassard de capitaine, devenant petit à petit un élément reconnu et respecté de son collectif. Elle suit en parallèle une formation sport-études à Bienne – à l’Académie de l’ASF – pour la troisième année consécutive, où cours et entraînements sont parfaitement combinés. De quoi lui permettre de progresser dans sa discipline sans craindre un éventuel retard dans sa scolarité.
Une personnalité plus affirmée
Au Stade municipal, Noémie Potier s’entraîne une fois par semaine avec ses coéquipiers. Le vendredi, à son retour de Bienne. «Et les garçons m’accueillent très bien. Même si je loupe des entraînements à leurs côtés, ils ne font aucune différence entre moi ou un autre. Ils sont contents quand je suis là, se montrant même intéressés par mon parcours. Les coaches aussi m’ont parfaitement accueilli. Franchement, je m’y sens vraiment bien.»
Il faut dire que la jeune Lausannoise possède déjà un certain bagage en matière d’intégration. Très vite, elle a quitté le cocon familial pour rejoindre une famille d’accueil. A Bienne, elle suit les cours dans une école publique, dans un environnement qui ne lui était pas franchement familier à ses débuts. «Avant, j’étais un peu renfermée. Par peur qu’on me juge, peut-être. Et puis cette expérience sport-études m’a servi de déclic. Au bout d’un moment, je me suis dit : «Vas-y parle. Intègre-toi.» Désormais, je me sens parfaitement à ma place à YS.»
La joueuse d’YS, qui évolue sur l’aile, aime avoir le ballon et percuter.
Pas conservée au LS
Mais les choses n’ont pas toujours été faciles pour l’attaquante de 15 ans. Après des débuts à Malley, elle a rejoint le Lausanne-Sport, où elle a effectué toutes ses gammes jusqu’en M14. Suite à une discussion avec les entraîneurs M15, il s’est avéré que Noémie Potier ne répondait pas à certaines exigences de sa future équipe, notamment sur le plan physique. «J’ai eu un peu de mal à l’accepter. J’estimais que j’aurais pu avoir ma chance, du moins j’étais prête à travailler dur pour y parvenir. Mais c’est le football, il y a des hauts et des bas. Ce que je voulais, aussi, c’est avoir du temps de jeu.» Après des discussions avec les entraîneurs du cadre national à Bienne, ceux-ci l’ont redirigé à Yverdon Sport. Un choix qu’elle juge aujourd’hui optimal.
«Son intégration s’est effectivement très bien passée. Elle a été facilitée je pense par son caractère et son attitude, mais aussi par ses qualités de joueuses, détaille Michaël Licciardi. Quand on assure sur le terrain, c’est toujours plus simple!» L’entraîneur des M15 d’Yverdon Sport n’a pas eu besoin d’adapter son coaching cette saison. «Les exigences sont les mêmes pour tout le monde. Maintenant, on adapte un peu le discours, on essaie d’être bienveillant. Sur WhatsApp, ce n’est plus «Bonjour les gars» mais «Bonjour à toutes et à tous», ajoute celui qui se montre satisfait de la venue de Noémie Potier dans son effectif, laquelle a apporté des qualités techniques nouvelles à son collectif.
Noémie Potier est aussi à l’aise au baby-foot que sur une pelouse, elle qui y joue souvent lors de son temps libre à Bienne.
Freinée en équipe de Suisse
A l’entendre, le football constitue à ses yeux bien plus qu’un simple exutoire. Des plans de carrière, elle n’en envisage pas beaucoup. La voie qu’elle souhaite suivre, c’est celle qui va la mener au football professionnel. «J’ai un rêve, et je vais tout faire pour l’atteindre. La mentalité, c’est 75% du parcours d’un sportif. Il faut se montrer déterminé pour y parvenir.» Consciente que les places dans l’élite du football féminin sont chères, Noémie Potier n’en demeure pas moins ambitieuse. Elle a d’ailleurs été récompensée et soutenue par la Ville de Lausanne pour son engagement.
Ses bonnes performances lui ont d’ailleurs ouvert les portes de l’équipe de Suisse. Fille d’un ancien footballeur du Lausanne-Sport et d’une maman passionnée par le ballon rond, l’Helvético-panaméenne a dans un premier temps rejoint la sélection M16, où ses deux premières apparitions ont suffi à convaincre le sélectionneur de la propulser en M17. Lors d’une rencontre amicale, elle a même inscrit sa première réussite sous les couleurs de la Nati. «C’était comme un rêve qui se réalisait. Je suis quelqu’un qui adore percuter, affronter mais surtout marquer.» A-t-elle pu chanter l’hymne national ? «La pandémie était déjà là, il n’y avait pas les protocoles habituels. Les qualifications pour l’euro ont d’ailleurs été annulées. C’est frustrant, oui, mais ça ne doit pas venir me décourager. Il y aura d’autres compétitions à l’avenir.»
La jeune M15 d’Yverdon Sport ici avec le maillot de l’équipe de Suisse. Crédit: Cécilia Potier-Serrano
Un avenir à dessiner
Avant de commencer le football, en 2014, Noémie Potier a pratiqué la danse classique. Aujourd’hui, son attention est pleinement portée sur le football, mais certains voient en elle les reliques d’une ancienne danseuse classique. «Parfois on me fait remarquer que je cours toute droite», raconte-elle avec le sourire. En dehors du football, la Lausannoise apprécie particulièrement écouter de la musique et voyager. «Avant un match, c’est musique à coin dans le vestiaire.» Si son futur n’est pas encore tout tracé, elle envisage par la suite de rejoindre un des grands noms du football suisse, avant de pourquoi pas s’envoler pour l’étranger. A 15 ans, elle est prête à tout pour réussir.
Malgré l’arrêt des compétitions, YS II caracole en tête du championnat de 2e ligue avec six points d’avance sur son poursuivant Echallens II. Yohan Pitton (20 ans), milieu de terrain des Verts, revient avec nous sur le premier tour de son équipe, mais aussi sur la suite. Comme beaucoup de jeunes joueurs de la seconde garniture, l’Yverdonnois espère bien rejoindre la première équipe lorsque sa chance se présentera. Interview.
YS: Après dix rencontres de championnat, YS pointe en tête du classement avec neuf victoires et un nul. Un bilan forcément satisfaisant.
Yohan Pitton: C’est sûr, mais c’était aussi notre objectif d’avant-saison. Notre but est de ne perdre aucun match avant la fin de l’exercice. Après, bien-sûr, le plus important reste la montée.
YS: Qu’est-ce qui a fait votre force durant ce premier tour ?
YP: Je dirais qu’il y a un bon équilibre entre les jeunes et les plus expérimentés. Tout le monde s’entend très bien.
YS: C’est que l’effectif est plutôt chargé. N’avez-vous pas peur de vous retrouver sur le banc parfois ?
YP: Au début, j’ai commencé pas mal de rencontres sur le banc. Mais petit à petit, si on est bons aux entraînements, on finit par être récompensés. Le coach gère bien cette situation. Et il ne faut pas oublier que, nous les plus jeunes, on a également l’occasion d’aller jouer avec les juniors A.
L’ambiance est bonne au sein de la seconde garniture d’YS, qui enchaîne les victoires depuis le début de la saison.
YS: Qu’est-ce qui pourrait vous empêcher d’atteindre votre objectif, à savoir la promotion?
YP: Cela arrivera si on commence à se montrer trop décontractés, trop sûrs de nous, et à sous-estimer nos adversaires. Mais ça m’étonnerait franchement que ce soit le cas dans notre équipe. Jusqu’à maintenant, on a abordé chaque match avec sérieux. Ensuite, la règle est la même qu’en Promotion League: la moitié des rencontres doit être jouée pour que le championnat soit validé. Je suis plutôt confiant de ce côté-là.
YS: Toi qui a évolué en 2l inter., à Colombier, et qui connais ce niveau de jeu, estimes-tu que l’équipe a sa place plus haut ?
YP: Totalement, et c’est le cas aussi pour d’autres formations de notre groupe actuel. Franchement, on serait loin d’être ridicules.
YS: Pourquoi être revenu à Yverdon Sport ?
YP: Je suis parti à Colombier en prêt il y a deux ans et demi. J’étais alors contingenté avec la « une » d’YS. Là-bas, j’ai obtenu le temps de jeu que je n’avais pas ici. Mais la deuxième saison fut plus compliquée, il y a eu passablement de changements. J’ai alors décidé de revenir à Yverdon. Au niveau de mes études, c’était aussi plus simple. Mon objectif était de parvenir à jouer avec la une. Et c’est toujours le cas.
Yohan Pitton a inscrit deux buts durant le premier tour.
YS: L’une des volontés de Vagner Gomes, entraîneur de la « deux », est effectivement d’amener des joueurs jusqu’à la première équipe. C’est un challenge stimulant.
YP: Oui, et je pense que si je mérite ma chance, alors elle viendra. Mais le contraire est également valable: si je ne fais pas les efforts pour, alors elle ne se présentera pas. Maintenant, à moi de me montrer décisif avec la deuxième équipe pour espérer avoir cette chance avec la une. A l’heure actuelle, je n’ai été qu’à une reprise avec l’effectif de Jean-Michel Aeby, c’était lors d’une opposition interne.
YS: Comment l’équipe s’entretient-elle depuis l’arrêt des compétitions ?
YP: Nous n’avons pas reçu de programme pour nous maintenir. Ils nous ont en revanche dit qu’il ne fallait pas attendre bêtement la reprise, alors on s’entraîne de notre côté. Le championnat risque de reprendre un peu plus tôt. Il faudra être prêt le jour où ça reprendra. Personnellement, je m’entraînais peut-être un peu trop au début (ndlr: de l’arrêt). Du coup, j’ai contracté une blessure musculaire à la cuisse. En ce moment je fais de la physio, et met un peu plus l’accent sur la musculation, vu que je ne peux pas trop courir.
YS: Vous seriez prêts à reprendre plus tôt que d’habitude?
YP: Évidemment. On attend tous une chose, c’est de pouvoir être sur le terrain. Aussi, nous avons un très bon préparateur physique, Maric Grujica, qui nous prépare idéalement. En début de saison, c’était une de nos forces, d’ailleurs.
Notre immersion au sein du mouvement juniors d’Yverdon Sport & Région se poursuit. Ce deuxième volet se consacre à l’identité et à la direction prise par la relève d’YS.
Son crédo a toujours été le même. Philippe Demarque est un formateur, de ceux qui ont pour objectif premier la progression et l’émulation de ses joueurs. Sa philosophie est fondée sur la continuité. A Yverdon Sport, d’ailleurs, le responsable juniors évolue dans un environnement qui lui correspond. Peut-être aussi parce que c’est lui qui en a dessiné les contours, à force de travail et d’abnégation. Son message semble avoir bien passé au fil des saisons, et le mouvement juniors d’Yverdon Sport & Région récolte aujourd’hui les fruits de cette vision à long terme.
Ainsi, la relève d’YS compte aujourd’hui sept équipes, dont trois à l’échelle nationale (FE12, FE13 et FE14). Chaque catégorie d’âge est représentée, l’une est même doublée (M13). L’objectif est de faire progresser les jeunes vers un objectif commun de manière à accompagner un maximum d’entre eux à la première équipe d’Yverdon Sport. Ce fut notamment le cas de Nehemie Lusuena ou de Raphaël Glauser. A une autre échelle, Jordan Lotomba (OGC Nice) ou encore Théo Rochat (Lausanne-Sport) sont également passés par la Cité thermale.
Les FE13 d’YS, ici lors d’une opposition interne.
Se professionaliser
Chacune de ces équipes suit donc un programme d’entraînement mensuel plus ou moins identique. Une semaine, l’accent est mis sur l’attaque. Une autre, sur la défense. «On essaie de se professionaliser. On a des caméras mais aussi des GPS que l’on fixe pour analyser la performance individuelle de chacun, comme c’est le cas pour les FE14. Cela leur permet d’avoir un retour concret à travers des statistiques et des images à l’appui.»
Pour Philippe Demarque, la formation de la relève rime automatiquement avec la mise à disposition d’entraîneurs qualifiés. «L’objectif est d’avoir les meilleurs entraîneurs chez les plus petits déjà. Et actuellement, nous avons certainement ce qui se fait le mieux dans la région.»
Philippe Demarque est satisfait de la direction prise par la relève d’YS
Un parcours qui n’est pas figé
S’il existe une continuité dans l’évolution des joueurs et que ceux-ci sont susceptibles, à la fin de la saison, de monter à l’échelon supérieur, cela ne signifie pas pour autant que la porte est fermée à d’autres talents. «Chaque année, nous voyons des éléments qui sortent du lot. Mais peut-être que, l’année d’après, celui qui semblait au-dessus ne sera plus qu’un joueur de niveau moyen, tandis qu’un autre aura pris sa place. La progression n’est pas toujours linéaire», raconte Jason Brunet, un des entraîneurs des FE12.
Ce qui signifie que la porte est également ouverte pour des jeunes provenant d’autres mouvements juniors. «Nous observons des différences de niveau mais aussi de motivation au sein d’un effectif. De notre côté, nous essayons de composer avec cela pour les diriger au mieux par la suite», détaille Raphaël Guignard (FE12). Et son associé, Albino Bencivenga, d’ajouter : «Il y a toujours des yeux un peu partout. Dans l’autre sens, on réintègre aussi facilement un joueur d’un club partenaire.»
Malgré l’arrêt du championnat, les joueurs ne se font pas de cadeaux sur le terrain (ici les M13).
Logés à la même enseigne
Avec l’arrivée soudaine du nouveau Stade municipal, la relève a en tout cas de quoi être stimulée par l’environnement dans lequel elle évolue. «J’espère que les enfants ont des étoiles dans les yeux et que cela leur donnera envie de jouer tout en haut, avoue Philippe Demarque. Actuellement, on tourne à 350 juniors et le but serait d’arriver à 600 d’ici à deux ans. Le tout en conservant la qualité au sein de nos équipes.» Aussi, le responsable juniors aimerait bien créer des M9 M10 et M11, afin de dynamiser encore davantage la pyramide à sa base.
Au Municipal, les diverses formations se côtoient, elles qui s’entraînent quasiment toutes les unes à côté des autres. Un cadre stimulant, presque enivrant, selon Raphaël Guignard. «Ils sont baignés par cette atmosphère footballistique. Les entraîneurs parlent le même football. Les mercredis, on travaille en ateliers où les coachs sont mélangés. Il y a une alchimie.» Jason Brunet abonde d’ailleurs dans ce sens : «Il y a deux ans, je devais aller les chercher pour la question des ramasseurs de balle. Désormais, nous devons refuser du monde !»
Le mot de la fin appartient à Albino Bencivenga, ancien buteur d’Yverdon Sport. «Il y a quelque chose qui est revenu à Yverdon, c’est clair. »
Les juniors d’Yverdon Sport & Région poursuivent leur apprentissage malgré la pandémie. Le week-end passé, nous sommes allés à leur rencontre pour en savoir un peu plus sur leur développement, malgré l’arrêt des compétitions.
Impossible d’imaginer qu’une pandémie venait d’ébranler le quotidien sportif de la relève d’Yverdon Sport. Ce n’est du moins pas le sentiment qui émanait des terrains annexes du Stade municipal, samedi dernier, où cinq formations juniores (des FE12 aux M15) se livraient à des confrontations internes tout au long de la matinée. A l’arrêt depuis les restrictions cantonales du 24 octobre dernier, le sport collectif amateur n’est plus autorisé pour les athlètes de 16 ans et plus, au contraire de leurs cadets, qui peuvent encore profiter des entraînements qui leurs sont dispensés. A Yverdon Sport, donc, difficile de passer au travers de cette réalité : les juniors entendent bien profiter de l’arrêt du championnat pour parfaire leurs gammes avant une éventuelle reprise.
Responsable de la formation à YS, Philippe Demarque ne cache d’ailleurs pas sa satisfaction de voir ces jeunes poursuivre leur marche en avant. « Regardez comment ils s’amusent sur ce terrain et se battent pour chaque ballon. Vous savez, à leur âge ce n’est pas une situation facile à vivre. Nous sommes donc heureux de pouvoir leur offrir cet échappatoire. Si nous jouons les moralisateurs ? Disons que nous appliquons toutes les mesures sanitaires à appliquer. En revanche, j’ai le sentiment que les enfants en entendent déjà assez parler dans leur cercle privé. Le football, c’est un peu le côté récréatif en ce moment. »
L’entraînement n’était pas moins engagé chez les FE13.
Un programme presque inchangé
Pas question toutefois d’abandonner la ligne de conduite édictée en début de saison par les entraîneurs. La seule modification réside dans le remplacement des rencontres de championnat par des oppositions internes le samedi matin. Les entraînements, eux, demeurent inchangés, comme en témoigne Modou Boye, coach des FE14. « On se tient à notre programme mensuel. D’ailleurs, l’implication de chacun dans les exercices est encore plus forte. Avec l’arrêt de la compétition, il existe un risque que les garçons se relâchent. De notre côté, on essaie alors de relever la barre pour maintenir un niveau de compétitivité élevé. »
Le son de cloche est à peu près similaire du côté de Raphaël Guignard, entraîneur des FE12. « On reste dans une normalité. Le but premier est que les enfants progressent tout au long de la semaine. Le week-end, par contre, c’est un peu plus libre. On les laisse jouer et s’exprimer sur le terrain. » Et Albino Bencivenga, également à la tête des FE12, d’ajouter : « Il n’y a plus vraiment cette compétitivité, mais on essaie de l’instaurer. » Voilà tout le challenge des coachs de la relève d’YS.
Le staff des FE12 avec, de gauche à droite, Raphaël Guignard, Daniel Michoud, Jason Brunet et Albino Bencivenga.
Maintenir la compétitivité
Implication, joie, engagement, tacles : le message semble pourtant avoir bien passé au sein des diverses formations. La source de cette détermination ? « On fait en sorte qu’ils soient encore dans la compétition, en valorisant leur travail. Le samedi, lorsqu’une équipe remporte un match (ndlr : interne) chaque joueur est récompensé par trois points. Dans ces situations, ils sont en autonomie totale. Et on le voit, les jeunes sont combatifs et ont envie de remporter des points », détaillent Modou Boye et Stéphane Cruz, des FE14. Aux grands maux les grands remèdes.
Reste que les rencontres du samedi matin, dispensées au Stade municipal depuis fin octobre, ne diffèrent peu de ce que les juniors d’YS ont l’habitude de voir le reste de la saison. La finalité demeure inchangée. En cause, les catégories de jeunes jusqu’aux FE14 ne se voient en effet pas attribuer de classement au terme de leur championnat respectif, les rencontres ne rapportant aucun point. « Nous sommes dans la formation pure, soulignait Jason Brunet, des FE12. Ce qui nous importe, c’est les victoires individuelles sur leur propre performance, qu’il s’agisse d’un duel ou d’un face-à-face. »
Reprise avancée ?
A l’échelon supérieur, en FE14, le ressenti est le même pour Modou Boye. « Nous partons du principe que le résultat ne compte pas. Nous faisons tout pour que le joueur progresse individuellement au sein d’un collectif. Après, cela ne veut pas dire que nous prenons nos rencontres de championnats pour des amicaux. Quand on affronte Servette, YB ou encore le LS, ça n’a rien d’amical. »
Les débats sont musclés pour les M15 d’YS, comme pour les autres formations.
La donne est légèrement différente pour les M15 de Michaël Licciardi, pour qui le classement au championnat est déterminé. « Mes jeunes étaient frustrés que cela s’arrête, l’équipe jouait bien. Ils prenaient beaucoup de plaisir et remportaient leurs matchs. La saison dernière, j’ai certains joueurs qui, si le championnat était arrivé à son terme, auraient peut-être intégré le M16 du Lausanne-Sport. Cette fois, on espère pouvoir aller au bout. »
A noter que, si une partie des rencontres du premier tour a été repoussé, il n’est pas impossible de voir la deuxième partie de saison reprendre plus rapidement que prévu. Début janvier, même, selon Philippe Demarque.
Ils s’estiment chanceux
Au mois de mars dernier, les footballeurs avaient vu leur championnat être subitement annulé et les entraînements à leur tour stoppés. Aujourd’hui, la donne est différente puisque les footballeurs de moins de 16 ans peuvent continuer à s’entraîner. « Je pense qu’ils sont conscients d’avoir une chance de pouvoir s’entraîner. Ils ont tellement eu peur, le mois dernier, en voyant ces mauvaises nouvelles s’accumuler. Les jeunes n’auraient pas compris le fait de devoir aller à l’école sans pour autant pratiquer leur passion. Leur seule question, c’était : Il y a entraînement, demain ? Lorsque je leur disais que c’était peut-être le dernier, on sentait une anxiété », raconte Jason Brunet.
Stéphane Cruz (au premier plan) et Modou Boye prodiguent leurs conseils aux FE14.
L’arrêt de la compétition, s’il est le même pour toutes les formations, sonne comme un véritable frein dans la progression de la relève. « Oui, mais dès l’instant où ils jouent en opposition, et qu’un adversaire existe, il y a de l’intensité. Ils ne font pas de distinction selon l’adversaire. On leur apprend à être combatif systématiquement, tout en ayant du plaisir », conclut Modou Boye. Autant d’ingrédients qui se sont ressentis lors de notre passage sur les terrains annexes du Stade municipal.