Avec l’arrêt des compétitions, les joueurs d’Yverdon Sport se retrouvent privés d’exercer leur activité principale. Certains d’entre eux, à l’image d’Ali Kabacalman, restent tout de même actifs dans le milieu professionnel. Il est en effet sur le point de terminer son service civil. Rencontre.

Il a dans un premier temps été envoyé à Kreuzligen (TG), Ali Kabacalman. La faute à un léger manque de réussite, mais aussi à un manque d’intérêt certain pour un univers qui ne l’intéressait franchement pas. Lors de son recrutement, le footballeur alors âgé de 19 ans est en effet jugé apte à entreprendre son service militaire. «Je voyais plutôt cela comme une contrainte. A la sortie de ce recrutement, une personne m’a indiqué qu’elle allait s’inscrire au service civil. Je ne connaissais même pas cette éventualité.»

Le soir-même, le Lausannois dépose sa demande et est admis quelques jours après. Le début d’une longue exploration du milieu social, étalée sur six ans et auréolée de rencontres et d’expériences variées. Aujourd’hui, c’est au SemoNord à Yverdon-les-Bains que Ali Kabacalman, 25 ans, est sur le point d’acheminer son service civil. 

Ali Kabacalman dispo d’un bureau, où il est amené à entreprendre des tâches administratives

Un service en trois temps

Ses débuts en tant que civiliste, le footballeur ne les a effectués que deux ans après son admission, alors qu’il évolue au sein des M21 du Lausanne-Sport. Sa première affectation dure six mois et se déroule à la Policlinique médicale universitaire (PMU) du CHUV, à Lausanne. «Une bonne première expérience, avec une chouette équipe et un cahier des charges bien garni.» En parallèle, Ali Kabacalman continuait d’évoluer avec la réserve du LS, lui qui a ensuite rejoint la première équipe au terme de l’exercice.  

L’affectation longue achevée (ndlr : chaque civiliste est dans l’obligation d’accomplir au moins une fois six mois consécutifs et à temps plein au sein d’un même établissement), le milieu de terrain décide de mettre en parenthèse son service civil pour une durée indéterminée, afin de se concentrer sur le football. Il prend ensuite la direction de Chiasso, puis de Rapperswil, tous deux alors en Challenge League. 

La flexibilité laissée alors par le fonctionnement du service civil lui permet de vivre pleinement de son activité de footballeur. Les jours de service peuvent en effet être effectués sur un espace-temps bien plus large que lors d’un service militaire, moyennant en revanche une durée totale plus longue (365 jours). Ali Kabacalman débarque ensuite à Yverdon Sport (PL), durant l’été 2019, où un nouveau chapitre s’ouvre dans sa carrière. 

Durant son quotidien, le joueur d’YS effectue aussi des livraisons à domicile.

Une échappatoire 

Dans la Cité thermale, le Lausannois a donc pu bénéficier des deux arrêts de championnats liés à la crise sanitaire pour boucler ses jours. «Dans un premier temps, je voulais les terminer l’année passée, au cas où on était menés à monter en Challenge League.» S’il doit désormais prendre son mal en patience côté football, cette nouvelle activité lui permet aujourd’hui de ne pas se morfondre sur l’accumulation des désillusions qui sévissent sur le monde du sport.  

«Certains n’ont que ça, ils sont très fatigués de la situation. Et j’aurais certainement réagi de la même manière. Maintenant, cette activité me permet de combler le manque, ou du moins de l’oublier un petit peu.» Au SemoNord, le milieu de terrain d’YS s’occupe d’accompagner des jeunes âgés de 15 à 25 ans sur le marché du travail. Dans leurs locaux, ceux-ci s’attellent également à diverses tâches quotidiennes, comme la cuisine et le service à table. De son côté, Ali Kabacalman est chargé de la livraison des repas lors du service de midi, lui qui termine ensuite sa journée par des tâches administratives. 

Le footballeur accompagne les jeunes pour la réalisation de lettres de motivation ou de CV.

En terrain connu

Un quotidien nouveau pour un footballeur habitué à vivre de sa passion ? Pas vraiment, lorsqu’on sait que ses parents étaient autrefois tenanciers d’un restaurant et qu’ils gèrent aujourd’hui un café. Bercé par cet univers depuis tout petit, Ali Kabacalman a bien connu ces deux établissements pour y avoir travaillé. Lors du premier tout de la saison 2020-2021, il était aussi employé à mi-temps à La Poste. 

«C’est une expérience nouvelle, oui, mais je connais déjà le monde du travail et celui-ci ne me fait pas peur pour l’après-football. Dans une carrière, on acquiert aussi de nombreuses connaissances, des contacts, ce qui nous ouvrent des portes. Regardez par exemple mes deux affectations de civiliste à Yverdon : la première, c’est Florian Gudit qui m’a donné le contact. La seconde, c’est Kevin Martin !»

L’intérêt des jeunes

Au SemoNord, certains le questionnent au sujet d’Yverdon Sport. «Que ce soient les collègues ou les jeunes, ils sont curieux. Ils me demandent ce qu’est un vestiaire, ce que représente le quotidien d’un footballeur. C’est sympa de pouvoir partager ça avec eux. Certains jeunes jouent mêmes dans les juniors d’YS, on en profite donc pour échanger un peu.» De là à en voir une vocation pour le milieu social ? «Je ne sais pas, j’en suis pas certain. En revanche, je prends du plaisir à travailler avec les jeunes !»

© Photo : Flashpress/ Allenspach

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