Aeby: « On combat contre un adversaire invisible. »

Aeby: « On combat contre un adversaire invisible. »

Un mois après la suspension des entraînements, l’entraîneur d’YS Jean-Michel Aeby est invité à faire le point sur la situation actuelle et sur celle de son équipe. Le Genevois croit fermement en une coopération optimale de ses joueurs durant ce confinement, même s’il préfère ne pas brûler les étapes. Pour lui, la situation sanitaire est aujourd’hui bien plus préoccupante que le football.

YS: Quelles ont été les consignes données aux joueurs avant votre séparation ?

Jean-Michel Aeby: Avant toute chose, il était important de mettre la priorité sur les consignes sanitaires. Chaque joueur doit faire attention à lui et à ses proches. Ensuite, oui, nous avons donné un programme à chacun, composé d’exercices relativement basiques et accessibles, que les joueurs ont effectué en fonction – aussi – de leurs possibilités individuelles. 

YS: Au sein du staff, comment fonctionne la collaboration pour mettre sur pieds ces programmes?

JMA: Loïc Besançon, le préparateur physique, ainsi que Amar Boumilat, mon assistant, possèdent des compétences certaines sur la préparation des joueurs. Avec mon aval, on a donc mis en place ces programmes, que l’on adapte pour chacun en fonction notamment de sa VMA (ndlr: vitesse maximale aérobie). Nous les avons d’ailleurs modifiés depuis la semaine dernière. On se prépare à une éventuelle reprise. En conséquence, on pousse désormais les joueurs à se faire violence sur des distances qui affectent principalement la vitesse de course. Ce sont des séries de 200m, de 300m, ce qui se rapproche davantage de ce que nos gars ont l’habitude de retrouver sur le rectangle vert. Et puis, vous savez, tous les footballeurs ont un ballon à la maison.

Comme lors du camp d’entraînement en Turquie, Loïc Besançon (à g.), Jean-Michel Aeby et Amar Boumilat (de dos) continuent à prodiguer des conseils. Par téléphone, désormais.

YS: Comment s’assurer que ces consignes soient respectées?

JMA: On a assez fait connaissance depuis le 8 janvier. J’ai une entière confiance en mon groupe, et j’en suis également convaincu à travers les discussions téléphoniques que nous avons. Ce sont des joueurs qui sont sous contrat, mais aussi des joueurs qui ont envie de reprendre. Et pour cela, il faut se montrer prêt. Mais j’insiste: le principal, c’est que tout le monde se sente en bonne santé, et qu’aucun joueur ne soit touché par la situation. Nous vivons une véritable leçon de vie. On combat contre un adversaire invisible. 

La communication demeure essentielle durant ce confinement, même si les entretiens individuels en face-à-face ne sont désormais plus possibles.

YS: On a vu certains entraîneurs, comme Ricardo Dionisio (FC Sion), affirmer qu’ils profitaient de ce confinement pour mettre l’accent sur une analyse footballistique poussée, en réalisant de nombreuses séances vidéos. Qu’en est-il de votre côté?

JMA: Ce n’est honnêtement pas tout à fait mon cas. Aujourd’hui, on a clairement d’autres occupations. J’ai des enfants, mais aussi des parents, relativement âgés. La préoccupation première et que l’on sorte rapidement de ce problème. La plus grande partie de mon énergie se base là-dessus. On aura le temps de se remettre pleinement au boulot quand ce sera possible.

YS: Selon vous, existe-t-il une solution optimale en ce qui concerne la reprise du championnat ?

JMA: La question est difficile. On l’a encore vu ces jours avec la suspension de tous les championnats amateurs. Vont-ils nous séparer du football professionnel? On n’en sait rien. Je n’ai pas de solution optimale, mais j’espère que le comité de la Première Ligue a conscience que certaines équipes ont énormément investi pour se retrouver là où elles sont aujourd’hui. Mais nous ne sommes pas seuls, et il y a énormément de paramètres à prendre en compte. Et cela peut prendre du temps.

Comme c’est le cas pour l’entraîneur des Verts, le Club d’Yverdon Sport n’a aujourd’hui aucune information concernant la suite et fin de ce championnat 2019-2020. Nous nous engageons à vous informer dès que possibles à ce sujet.

© Photo : Flashpress/ Allenspach

#AllezYS

YS bat Bulle en attendant la reprise

YS bat Bulle en attendant la reprise

Toujours dans l’expectative, les joueurs d’Yverdon Sport se sont rendus à Bulle, samedi. Les Nord-Vaudois se sont imposés 4-0 et attendent Black-Stars dimanche prochain en championnat.

Suite à la décision de l’Association Suisse de Football et de la Première Ligue de repousser une nouvelle fois l’heure de la reprise (ndlr : qui aurait cette fois dû se dérouler à Köniz), il semblait important pour les Yverdonnois de maintenir une dynamique après une trêve hivernale inopportunément prolongée. Dans ce sens, la rencontre amicale finalement programmée samedi du côté de Bulle (1ere ligue classique) était l’occasion de rompre une routine marquée par des entraînements à répétition, dans l’attente d’un nouveau verdict. Et les Verts ont une nouvelle fois fait forte impression en s’imposant 4-0 grâce à des buts de Peyretti (2x), Mobulu et Bunjaku. 

Un jeu plus en profondeur 

Dans le canton de Fribourg, Norman Peyretti et ses coéquipiers ont évolué dans des conditions de jeux presque délétères, sur le terrain annexe du Stade de Bouleyres. « On devait jouer sur le principal et puis finalement, il nous était impossible de le faire. Dès lors, ce n’était pas facile pour les appuis, la pelouse était très lourde et la terre s’accrochait à nos crampons, relevait l’auteur des deux premiers buts d’YS. Face à un adversaire très agressif, nous nous sommes adaptés aux conditions et avons opté pour un jeu plus en profondeur. Ce qui nous a plutôt réussi. »

Norman Peyretti tient la forme et ne cesse de marquer en ce début d’année.

En verve depuis le début de l’année, Norman Peyretti a donc une nouvelle fois montré la voie à suivre à ses coéquipiers. « Je suis en pleine forme physique et plus déterminé que jamais pour ce second tour. Je tente des choses et ça fonctionne plutôt bien pour l’instant. » De leur côté, Ridge Mobulu et Gentian Bunjaku ont également inscrit leur nom au tableau d’affichage, samedi. Le premier nommé s’est notamment fait l’auteur d’un superbe numéro sur son côté gauche pour la troisième réussite des Verts.  

Au terme de cette – on l’espère – ultime rencontre amicale, l’ailier d’YS s’est montré confiant quant aux bénéfices pouvant être obtenus de cette longue préparation hivernale. « On a affronté des adversaires dont les styles de jeu étaient très différents. Des équipes s’appropriaient très bien le ballon, d’autres avaient un caractère plus agressif. Cela pourra nous servir ce printemps. »

Des précautions prises

Quatre jours après un autre probant succès face à Echallens (6-1), les joueurs d’Yverdon Sport ont donc fait le plein de confiance dans un contexte politique et social terni par la propagation continue du COVID-19. « Il faut s’adapter. Au moins, nous ne sommes pas sevrés de football et il y a tout de même des amicaux prévus. Maintenant, l’équipe est prête et on a hâte de reprendre officiellement. D’ailleurs, je suis confiant quant à la venue de Black Stars ce dimanche (ndlr : coup d’envoi 16h au stade municipal) ». A noter que, entre temps, la Première Ligue a publié un communiqué qui confirme la tenue des prochains matchs de Promotion League, et donc la rencontre face à Black Stars.

Amar Boumilat (entraîneur assistant) donne ses consignes à la mi-temps. L’heure de la reprise est proche

Dans le vestiaire, les joueurs aussi font face aux recommandations de la Confédération. Ainsi, les joueurs n’ont plus la possibilité de se rendre à l’étranger durant leur congé et évitent les lieux publics fréquentés, tout en se désinfectant régulièrement les mains. « On se nargue un peu à ce sujet, tout en prenant la chose au sérieux », conclut Norman Peyretti. 

#AllezYS

© Photos : Flashpress/ Allenspach

COMMUNICATION IMPORTANTE – CORONAVIRUS

COMMUNICATION IMPORTANTE – CORONAVIRUS

Chers supporters,

En raison de l’épidémie de Coronavirus, la rencontre de Promotion League initialement prévue ce dimanche 1er mars 2020 à Savièse contre le FC Sion II a été reportée à une date ultérieure sur décision de la Première Ligue.

Un match d’entrainement aura lieu demain, au Stade Municipal, à 14h entre Yverdon Sport et le FC Echallens. Nous souhaitons néanmoins vous annoncer qu’en raison des travaux actuels, l’accès au Stade est fortement restreint. Les tribunes sont les fermées, par conséquent il ne sera possible de regarder le match uniquement derrière le goal côté ville, debout. De plus, aucune restauration n’est organisée. EDIT : le match amical de samedi initialement prévu pour remplacer le match de dimanche, est également annulé.

Toujours en raison de l’épidémie de Coronavirus, nous vous invitons à suivre la situation dans les médias, sur notre site internet et sur nos réseaux sociaux. Pour terminer, nous vous annonçons qu’Yverdon Sport se réserve le droit de modérer l’entrée aux prochains matchs.

La rencontre sera par contre diffusée en live vidéo sur la chaine Youtube de footballpassionbm, le lien sera publié peu avant le début de la rencontre sur notre page Facebook et notre compte Twitter.

Merci de votre compréhension.

Yverdon Sport

Ils mènent une double vie : Mustafa Sejmenovic (3/3)

Ils mènent une double vie : Mustafa Sejmenovic (3/3)

Il y a les joueurs pour qui le football constitue l’unique activité de la journée, et ceux pour qui il ne s’agit que d’une passion. Aujourd’hui, à Yverdon Sport, plus d’un tiers de l’équipe exerce un travail ou des études à côté du football, à divers pourcentages. À travers cette rubrique « Ils mènent une double vie », composée de trois portraits différents qui seront publiés cette semaine, nous avons décidé de vous présenter le quotidien de ces joueurs que nous avons rencontrés sur leur lieu de travail.

Le CFC d’Automaticien puis les débuts en pro

Mustafa Sejmenovic démarre son apprentissage d’automaticien en 2002. Alors âgé de 16 ans, le jeune adolescent évolue dans le même temps pour la réserve d’Yverdon Sport. Et les choses ne se font pas tarder puisque, une année plus tard, il obtient (déjà) ses premières convocations avec la première équipe d’YS, tout en poursuivant sa deuxième année d’apprentissage. « J’ai commencé très tôt à apprendre à jongler entre vie professionnelle et vie footballistique. C’est une autre façon de vivre, tout simplement. » Un équilibre qui semble aller de soi lorsque l’on écoute Mustafa Sejmenovic.

L’actuel capitaine des Verts est un travailleur, c’est certain, que ce soit sur le terrain ou lorsqu’il intervient sur la mécanique et l’électronique d’un appareil de l’un de ses clients. Et c’est probablement grâce aux différents efforts fournis qu’il devient rapidement un pilier de la défense d’Yverdon Sport, et ce jusqu’en 2012. Une carrière professionnelle, il en fait son unique activité jusqu’en 2016. « C’est un rythme de vie atypique, mais idéal pour les performances sportives. Il y a du temps pour les entraînements, pour la récupération et on est concentré à 100% sur notre objectif sportif. Mais ce n’est pas tout, j’ai eu mon premier enfant en étant pro. Heureusement, très rapidement avec mon épouse, nous sommes parvenus à optimiser notre temps pour concilier vie de famille et vie footballistique. »

Mustafa Sejmenovic (YS et DC Technique). (c)FLASHPRESS/ALLENSPACH

Le FC Bienne, puis Neuchâtel Xamax

Le fait est que Mustafa poursuit sa carrière professionnelle. Et elle se déroule plutôt bien. En juillet 2012, il rejoint le FC Bienne qui évolue alors en Challenge League. Club dans lequel il s’impose comme un titulaire indiscutable et y passe 2 saisons. Puis, arrive un transfert à Neuchâtel Xamax, où il reste jusqu’en juillet 2019. Il le répète plusieurs fois lors de son interview : « À Neuchâtel, j’ai vécu énormément de bonnes choses ». Difficile de lui donner tort, lui qui y a évolué à la fois en Challenge League et en Super League. Mieux : « Mus » ne connait pas qu’une évolution sportive à Xamax mais également une évolution professionnelle puisque, il y a maintenant 3 ans et demi, il a pu trouver un emploi alors qu’il était sous contrat avec le club phare du canton voisin. « J’ai pu être engagé dans l’ancienne entreprise du président de Xamax, DC Technique, en tant qu’automaticien. C’est une entreprise qui travaille en grande partie avec des cabinets dentaires et nous nous occupons de l’installation, la maintenance et les dépannages de ces machines. Je travaille sur la partie mécanique et électronique. J’ai tout d’abord commencé à travailler à 50-60%. Cela amène vraiment une dimension différente à ma carrière de joueur. Les heures de récupération, notamment, ne sont plus les mêmes. La fatigue se fait plus facilement ressentir également ». Qu’il se rassure, cela ne se voit pas sur le terrain !

Préparer le futur

Un travail qui plaît bien à Mustafa, qui fait face à un challenge déjà connu, concilier deux activités. Encore, faut-il ajouter une nouvelle dimension à cette équation : la vie familiale. « Lorsque j’étais pro, j’ai pu profiter de passer du temps avec mon fils. Maintenant avec une activité professionnelle, c’est un peu différent et il faut s’adapter, au niveau famille également, d’autant plus que je travaille désormais à 80%. J’ai de la chance, parce que nous arrivons toujours à bien nous organiser avec mon épouse qui travaille également à temps partiel. De plus, je trouve que c’est une vie saine et cela me tenait à coeur de reprendre ce rythme il y a plus de trois ans déjà. Cela m’a notamment permis de préparer mon après-carrière. Lorsque tu as été uniquement joueur pendant plusieurs années, c’est compliqué d’exercer un métier ensuite. Je suis satisfait d’avoir pu compter sur une entreprise qui m’a tout de suite encadré et je m’y sens bien. »

Et qu’en est-il de la retraite sportive? « Je n’y pense pas pour l’instant, je ne pense qu’à notre prochain match et rien d’autre. Nous aurons tout le temps de parler de la saison prochaine et de ma potentielle retraite plus tard (rires). Je continuerai tant que mon corps me le permettra. Sans foot ce sera compliqué, je le sais, après toutes ces années dans la compétition… ». En attendant on continue, nous, de profiter de Mustafa Sejmenovic sur le terrain.

C’est la fin de cette série d’interview, à noter que Gentian Bunjaku, Kevin Martin, Sébastien Le Neün, Valmir Sallaj et Muamer Zenelli exercent également une activité professionnelle à côté de leur passion : le football !

#AllezYS

Ils mènent une double vie : Florian Gudit (2/3)

Ils mènent une double vie : Florian Gudit (2/3)

Il y a les joueurs pour qui le football constitue l’unique activité de la journée, et ceux pour qui il ne s’agit que d’une passion. Aujourd’hui, à Yverdon Sport, plus d’un tiers de l’équipe exerce un travail ou des études à côté du football, à divers pourcentages. À travers cette rubrique « Ils mènent une double vie », composée de trois portraits différents qui seront publiés cette semaine, nous avons décidé de vous présenter le quotidien de ces joueurs que nous avons rencontrés sur leur lieu de travail.

Formé comme employé de commerce

Sa formation, Florian Gudit l’a entreprise au sein du Gymnase de Beaulieu (Lausanne) à travers la filiale de culture générale. Trois années qui lui ont permis d’obtenir un CFC d’employé de commerce, ainsi qu’une maturité commerciale. « Sans me sentir réellement prêt à exercer ce métier », avoue-t-il lui-même, en faisant référence au manque de cours pratiques dispensés par ce cursus. Il a ensuite passé une année au Service de protection de la jeunesse (SPJ).

Désireux de tenter sa chance au plus haut niveau et de vivre de sa passion, le natif d’Arrissoules est ensuite parti au Tessin où il a posé ses valises à Bellinzone. C’était durant l’été 2013. Il y a vécu en tant que professionnel durant trois mois – la seule période de sa carrière durant laquelle il ne pratiquait que le football – avant de revenir dans le canton de Vaud, au FC Le Mont, alors en Promotion League. « Là-bas, le football n’était plus ma seule source de revenu et j’ai enchaîné avec divers emplois temporaires. » S’en est suivi une année de service civil avant de rejoindre la Vaudoise Assurances. Depuis deux ans, il est désormais conseiller en placement de personnel à plein temps à Accord Emploi SA, entreprise au sein de laquelle le milieu de terrain d’YS s’épanouit pleinement.

Florian Gudit (YS et Accord Emploi). (c)FLASHPRESS/ALLENSPACH

Une nouvelle vie à Accord Emploi

C’est dans les bureaux de l’enseigne basée à la rue du Lac que nous avons retrouvé Florian Gudit, afin de discuter de cette double activité – footballeur et employé – dont il est tenu d’exercer. Bon vivant, celui qui a commencé le football à l’âge de 7 ans semble particulièrement se plaire dans cette entreprise de placement, qui lui offre un quotidien aussi stimulant que diversifié. « C’est également une chance de pouvoir vivre à Yverdon, d’y travailler ainsi que d’évoluer pour le club de football de la ville. Me rendre à l’entraînement à vélo, c’est la classe! »

Florian Gudit. (c)FLASHPRESS/ALLENSPACH

Concilier football et travail n’est bien-sûr pas évident à ce niveau. Les joueurs d’Yverdon Sport s’entraînent quasiment tous les jours, et la fatigue peut parfois se faire ressentir pour les éléments dont le football n’est pas la seule préoccupation. « Je ne parlerais pas de sacrifices, car je suis loin d’être à plaindre. Je ne suis pas surchargé non plus. Maintenant, c’est une manière de s’organiser aussi, un équilibre à trouver. Et force est de constater que je ne peux pas faire tout ce que les professionnels font à côté, à savoir mettre l’accent sur le fitness, la récupération etc. » Loin de s’en plaindre, Florian Gudit préfère plutôt se réjouir de cette situation, saisissant ainsi une opportunité de préparer son avenir loin des terrains. Surtout, le joueur de 26 ans peut s’appuyer sur un employeur à la fois empathique et flexible. Ce dernier n’hésite pas à faire en sorte que son employé soit d’attaque pour ses diverses échéances avec YS, notamment pour les entraînements qui débutent à 17h30.  

« Avant, je me disais que c’était un avantage »

A l’entraînement, d’ailleurs, pas question pourtant de disposer de passe-droits. Florian Gudit est traité à la même enseigne que les autres, que ces derniers travaillent, ou pas. « Nous sommes tous jugés de la même manière, indépendamment de notre emploi du temps. Maintenant, les entraîneurs sont conscients que cela n’est pas toujours facile pour nous. » Une différence qu’il a particulièrement ressentie cette année à Yverdon Sport, où le professionnalisme n’a jamais été autant de mise depuis qu’il a rejoint son club de cœur (ndlr: une première fois en janvier 2013, avant de revenir en juillet 2015). Là, il avoue voir se créer un certain fossé. « Jusqu’à cette saison je ne remarquais pas totalement la différence avec les joueurs professionnels. Je me disais que c’était un avantage de pouvoir disposer d’une autre activité à côté, de pouvoir voir autre chose. Désormais, on commence à avoir un petit décalage. Non pas que j’accumule du retard, mais je vois que, physiquement, le corps en prend parfois un coup. Lors du premier tour, par exemple, je n’avais pas la possibilité de venir m’entraîner avec l’équipe le matin. »

Florian Gudit a de bons rapport avec les fan’s club d’YS. (c)FLASHPRESS/ ALLENSPACH

Le travail avant le football 

Reste que le milieu de terrain d’YS sait qu’une carrière professionnelle serait très difficile à aller chercher. Ce d’autant plus sur le long terme. « Ce serait plaisant de pouvoir me consacrer uniquement à cela. Maintenant, je suis lucide, et je sais que les places sont chères. A 18 ans, quand je rêvais de jouer au plus haut niveau, j’aurais mis toutes les cartes de mon côté pour me laisser cette chance. Aujourd’hui, ce temps est derrière moi. » Corollaire, il ne sait pas encore s’il pourra continuer l’aventure au sein des Verts la saison prochaine, d’autant plus si sa formation accède à la Challenge League. « Si l’équipe monte, il y aura un choix à faire, c’est certain. La spécificité de mon métier ne me permet pas de travailler à temps partiel. Et à mon âge, je risque de mettre la priorité sur le travail. » Une chose est cependant sûre : son coeur est vert et blanc, et le restera, puisqu’il envisage de s’investir par la suite dans le club qui lui a tant donné.

© Photo : Flashpress/ Allenspach

Ils mènent une double vie : Adriano De Pierro (1/3)

Ils mènent une double vie : Adriano De Pierro (1/3)

Il y a les joueurs pour qui le football constitue l’unique activité de la journée, et ceux pour qui il ne s’agit que d’une passion. Aujourd’hui, à Yverdon Sport, plus d’un tiers de l’équipe exerce un travail ou des études à côté du football, à divers pourcentages. À travers cette rubrique « Ils mènent une double vie », composée de trois portraits différents qui seront publiés cette semaine, nous avons décidé de vous présenter le quotidien de ces joueurs, que nous avons rencontrés sur leur lieu de travail.

Sa quatrième saison à Yverdon Sport sonne comme un tournant dans sa carrière. A 29 ans, en Promotion League, Adriano De Pierro se retrouve à la croisée des chemins, entre le monde professionnel et amateur. L’occasion de revenir un peu sur son parcours footballistique, mais également professionnel.

L’essentiel de sa formation à Team Vaud

Celui qui a commencé à jouer dès les juniors E à Forward Morges – après s’être aussi essayé au hockey sur glace – s’est rapidement retrouvé dans la cour des grands. Il a signé un premier contrat professionnel dans la capitale, à YB, alors qu’il n’avait que 18 ans. Une première opportunité venue après efforts et labeur : à Morges, « Adri » suit tout d’abord la filière juniors jusqu’en C inter, avant que les sélections vaudoises ne lui fassent de l’œil. Il rejoint ainsi les M15 du Lausanne-Sport, puis les M18 de Team Vaud, avant d’être intégré en avance avec les M21 de cette même formation. Le défenseur central se retrouve même sur le banc de la première équipe à quelques reprises, sans pouvoir toutefois nécessiter de temps de jeu. C’est à cette période que le Vaudois d’origine italienne entame un apprentissage de logisticien.

Sous l’égide de Petkovic

Après un an, il reçoit une offre professionnelle du club bernois de Young Boys. Une occasion qu’il saisit, puisqu’il signe un contrat de quatre ans. Tout ne se passe cependant pas comme prévu sous les ordres de Vladimir Petkovic au Stade de Suisse, là où il n’évolue finalement que durant deux saisons. Il dispute sept rencontres lors de sa première saison, deux lors de la seconde. Pas suffisant à ses yeux, lui qui décide alors de revenir en Suisse romande – à Nyon (durant une saison), tout d’abord, avant de drastiquement changer de cap et de se rendre au Tessin, au FC Lugano (une saison également). S’en suit un retour au Lausanne-Sport, formation avec laquelle il connaît à la fois les joies de la Challenge League et de la Super League, avant de finalement rejoindre Neuchâtel Xamax.

Adriano De Pierro (YS et Ochsner Sport). (c)FLASHPRESS/ALLENSPACH

Du côté de la Maladière, le Morgien est alors titillé par un projet que lui propose un agent : « Mais cela ne s’est pas vraiment concrétisé, regrette De Pierro. Je suis parti une semaine aux USA, mais cela n’a pas marché. On m’a un peu mené en bateau… Du coup je suis revenu en Suisse. » C’est là qu’il prend la direction d’Yverdon Sport, alors entraîné par Philippe Perret, en Première Ligue classique. Une catégorie de jeu qu’il quitte après une saison puisque son équipe est promue en Promotion League.

Gestionnaire en commerce de détail

Ses 97 parties en Challenge League ne lui garantissent pourtant pas un avenir de football professionnel. A YS, il compte déjà 81 rencontres à son actif et se sent particulièrement bien dans le Nord-vaudois. C’est d’ailleurs dans le chef-lieu du district, en août 2017, qu’il débute une formation dans la vente chez Ochsner Sport. Trois années de formation qui lui permettront d’obtenir un CFC de gestionnaire de commerce de détail. Contrairement à un grand nombre de ses coéquipiers, Adriano De Pierro devra se démener, ce printemps, pour réussir ses examens pratiques et théoriques, ces derniers étant liés aux cours qu’il suit au Centre professionnel du Nord vaudois (CPNV).

Actuellement, Adriano De Pierro a été « transféré » dans le magasin d’Aubonne. L’équipe yverdonnoise a d’ailleurs entièrement été répartie dans d’autres lieux, le temps pour la filiale d’Yverdon de transformer une autre surface et de déménager à la mi-mars prochain. Ce déménagement aura lieu à cent mètres du magasin «historique» de produits de sports que les habitants de la Cité thermale connaissent bien, à la rue du Lac. Cette formation, il ne la regrette pas : « Avoir un pied dans la vie active, cela forge une autre mentalité. L’apprentissage de la vie d’entreprise a des avantages et des inconvénients. C’est un bagage qui vous suivra toute votre vie. » Le Morgien est apprécié par ses collègues et se plaît dans cette enseigne, là où l’ambiance de travail y est bonne, que ce soit à Aubonne ou à Yverdon. « Même si mon employeur est par définition très sportif, j’arrive à obtenir des arrangements au niveau des horaires, notamment pour les entraînements, ou pour les matches. Mais pas de passe-droits. Les heures doivent être faites ! » Ce sont donc des journées à rallonge pour le numéro 14 d’YS, si l’on tient compte des déplacements, de la récupération, des soins, ainsi que de la charge de travail liée à ses cours.

Objectif : la montée à tout prix

Côté sportif, l’objectif du défenseur central est clair : « Monter avec l’équipe ce printemps est l’unique option. Et redevenir joueur professionnel est un but personnel. Le concrétiser avec YS serait très positif. Mon choix n’est pas trop compliqué actuellement. Après l’obtention de mon CFC, au mois de juin, je pense me consacrer encore quelques années au football. » Un projet qu’il espère bien entreprendre dans la Cité thermale. Une chose est sûre : en tant que vendeur, Adriano De Pierro a des atouts à faire valoir : sa gentillesse, son sourire, sa facilité de contact. Sur le terrain, toutefois, il s’impose comme « patron » lorsqu’il est aligné, et n’hésite pas à jouer des coudes pour remporter ses duels. Une rigueur et un fair-play constants, qui font de lui un défenseur respectueux et respecté.

© Photo : Flashpress/ Allenspach